A ELIANE de NKOL-REAL (=Montréal)
Décembre. Nous sommes dans l’air du temps: préparation de l'anniversaire du Père Noël. Les boutiques et les
magasins font du bénéfice. Ne leur en tenons pas rigueur. L’argent croît au rythme des cadeaux achetés
en vue d’être offerts. Quelques uns se privent, d’autres s’enrichissent ; « c’est moitié-moitié ».
Baladons nous au marché P.K.8-KONDI (de DOUALA). La bayam-salam
pour aguicher le client « ajoute le cadeau » sur le bâton de manioc. C’est
une forme d’excédent pour remercier l’acheteur. Rendons nous à la Félicia,
après un match de foot-ball ; le gardien de buts a donné le but cadeau à l’adversaire :
c’est but cadeau. Pour le comprendre en camfranglais, l’on dira, il a encaissé,
« NJOH ». Écoutons même le DJ qui fait dire à la NANA : « prends-moi
cadeau ». Le cadeau n’est pas un surplus ou un surcroît ; il n’est
pas un pis-aller ni un superflu. Comment
résister à l’existence grégaire et comprendre pourquoi je dois faire ou non un
cadeau ?
Circonstances, modalités et intention du cadeau
La personne qui fait des cadeaux doit s’interroger sur les
circonstances, (quand faire un cadeau ?) sur les motivations et les intentions ( qu'est ce qui me fait faire un cadeau, pourquoi
faire un cadeau et dans quel but) sur la manière de faire un cadeau (comment ?) ;
mieux, la personne s’interrogera sur la personne à qui est faite le cadeau (qui ?
le destinataire) ; sans doute, faire un cadeau consiste aussi à révéler à
la personne sa véritable personnalité. Dis moi comment tu offres un cadeau et
je te dirai qui tu es.
Ces préalables définis, le cadeau est un jeu de la relation et
dans la relation. L’initiative est donnée à l’un des deux partenaires qui
décide : « je veux faire un cadeau » à mon ami, à mon compagnon,
à ma compagne, à mon enfant, à mon camarade de classe, à ma fiancée, à mon
collègue. Le « quand » du cadeau est son occasion. Le temps du cadeau
est une occasion heureuse. C’est en
général le moment festif d’un anniversaire, d’un mariage, ou selon l’air du
temps, c’est Noël. Malgré l’occasion le retour sur le jeu de la relation est
intéressant. En effet, le cadeau permet de revenir sur l’intérêt porté à une
personne. J’offre un cadeau parce que j’ai assez observé la ou le concerné ;
je vis avec lui ou avec elle une relation filiale, paternelle, amicale ;
et je sais qu’il ou elle aime telle ou telle chose ; je présuppose qu’il l’appréciera.
Mais au préalable, « qui est ce je à qui je veux offrir un cadeau ? »
Quels sont ses goûts ? Quels sont
ses intérêts ? Parfois, faut ramer à contre courant de ce que le tiers
fait par obligation, faut peut être pas lui offrir quelque chose qui va lui
rappeler son travail quotidien. C’est assez contraignant ainsi. En réalité, il
est plutôt question de s’intéresser à ce qu’il ou elle aime. Est-ce qu’il aime
danser ? Aime-t-il la comédie ? Aime-t-il le cinéma ? Aime-t-elle
la lecture ? Aime-t-il l’écriture ? Aime-t-elle les vêtements ?
Aime-t-elle les voyages ? Aime-t-il la prière? Le Cadeau est donc de l'ordre du déplacement : du moi vers l'autre; du je vers le tu. Ce déplacement est une sortie de soi, c'est un déprise de son égoïsme et laisser parler son coeur.
Prendre sur son soi. Pour offrir un cadeau, l’offrant prend
nécessairement sur ce qu’il ou elle a et possède. De l’ordre du don, le cadeau
médiatise la relation du je au tu par l’entremise d’une considération et d’une
reconnaissance de l’importance de l’autre dans notre vie. Le « je »
et le « tu » partagent des sentiments d’estime.
Je lui offre donc ce
qui lui rendra content/e. Son contentement, qui est l’ intention de mon don est
médiatisé par ce qu’il ou elle recevra. Le cadeau est la matérialisation d’une
affection ressentie et que l’on souhaite manifester. C’est la part noble de soi
que la personne veut partager à sa personne. L’autre que soi qui n’est pas soi
est toutefois mis en lien avec ce que les deux sujets partagent entre eux. C’est pourquoi, le cadeau est le signe de l’amour.
Se priver par amour pour l’autre. Quand je fais un cadeau, je
me prive de ce qui me revient de droit et je l’offre à l’autre.
Le cadeau comme symbole d’amour
Le cadeau permet à deux personnes de réexaminer leur
relation. Si la fondation du cadeau est le cœur qui donne et qui se donne,
reconnaissons tout d’abord que le cadeau est de l’ordre d’un symbole d’amour du
tiers au tiers. Sa voie barrée est de faire le cadeau par convention, par
habitude et par mimétisme. On ne fait pas un cadeau parce que la société
demande de le faire ; ou encore, le cadeau n’est pas fait pour imiter les
autres de manière servile. On ne fait pas non plus un cadeau pour se
débarrasser d’une penderie encombrante ou par superflu.
Le cadeau n’appelle pas le cadeau en retour
Si offrir un cadeau est de l’ordre de la liberté de la
personne qui décide de le faire ; les partenaires n’en exigent pas pour
autant une réponse équivalente au don reçu. Le cadeau n’appelle pas nécessaire
le contre cadeau. C’est vrai qu’à Noël,
on parle d’échanges des cadeaux ; et si le partenaire est alors « moisi » ;
s’il est « nguémé » ? Certes, il devra au moins, faire du sien
pour devoir imaginer comment s’y prendre pour « faire plaisir » au
tiers.
En somme, le cadeau est l’occasion d’exercer la meilleure
part de soi ; c’est penser à l’autre et avoir le sens de l’autre. C’est
vivre pour l’autre et s’oublier soi-même.
Est-on obligé de faire un cadeau de Noël ? Suis-je
obligé de faire un cadeau de Noël ? Comment ne pas offrir des cadeaux démesurés ?
Cela nous conduit nécessairement au sain discernement. Qu'est ce que le cadeau de Noël?
AFX
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