mercredi 30 décembre 2015

Je suis enceinte ...

Waoooh quelle nouvelle !!
"Mes félicitations ..." , "Es tu sûre?", "Hâte de savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon...", "Tu seras maman ... Êtes vous prêts pour être parents?"

Que la nouvelle soit attendue depuis un moment ou qu'il s'agisse d'un événement pas très bien planifié, la confirmation et l'annonce de celle-ci sont toujours pleines d'émotions et s'accompagnent de nombreuses interrogations... Pour la femme s'est le début d'un changement radical de comportement, d'attitude.

En effet, elle est désormais consciente de devoir prendre soin de deux personnes au quotidien, de devoir faire des choix qui engagent une vie (ne plus boire d'alcool, ne plus fumer, changer d'activité physique pour éviter un avortement involontaire, ...). Sa vision de l'extérieur change, elle prend conscience des dangers qui guettent cette nouvelle partie d'elle dont elle est responsable: la fibre maternelle et son instinct se développent. Elle a peur, peur de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout de la première partie du voyage, de ne pas être à la hauteur du rôle de maman, de prendre les mauvaises décisions: on ne parle plus de moi mais désormais de nous ...

La femme enceinte découvre également que son corps ne lui appartient plus. En plus de ne pas pouvoir maîtriser les changements physiques à venir, elle doit désormais faire don de celui-ci à la science. En effet, au fil des visites prénatales et des examens, elle doit bien souvent exposer cette partie de son anatomie tant protégée, dont l'accès a bien souvent été l'objet de conquêtes assidues et parfois infructueuses de la gente masculine.

Entre changements silencieux mais attendus (les formes qui s'arrondissent), douloureux (crampe nocturne, contraction, remontées gastriques, ...) Ou non (important besoin de dormir, augmentation de l'appétit,...), il y'a les hormones à gérer... Elle peut désormais vivre une série d'émotions variées en une fraction de seconde et de manière incontrôlée. Son entourage en est le témoin silencieux et involontaire, qui doit désormais gérer entre autre, sauts d'humeur et indécision.

La femme enceinte en Afrique est choyée. Elle fait l'objet d'attentions de la part des siens mais également de celui de nombreux inconnus rencontrés au quotidien. La société la sait fragile et lui manifeste son soutien dans toutes les situations, sa reconnaissance pour le sacrifice consenti afin de donner à la collectivité une nouvelle ressource humaine...

Je suis enceinte ... Je vais participer au mystère de la vie ... Je ne suis plus seule ...



Le doute

mardi 29 décembre 2015

Transmettre la vie

Il y'a des situations de la vie pour lesquelles il est impossible d'imaginer à l'avance comment l'on réagira, les décisions que l'on prendra.

L'une des plus belles est celle où l'on a l'honneur de participer au mystère de la transmission de la vie ... Et oui, donner la vie c'est de la magie... Tout d'abord parce que les raisons pour lesquelles une femme peu concevoir et pas une autre ne sont pas toujours justifiables scientifiquement. Alors déjà il est important de savoir dire merci pour cette grâce.

Ensuite les 9 mois qui représente la durée moyenne d'une grossesse peuvent être aussi calme qu'un lac ou aussi tumultueux que les montagnes russes des fêtes foraines. La femme passe alors par toutes les métamorphoses physiques et psychologiques nécessaires pour accueillir cette vie. Son entourage prend également conscience des changements à venir et prépare ceux-ci au fil des jours. Encore une fois nul ne peut prédire les réactions que produiront ces différents changements dans la vie des uns et des autres. Le voyage peut renforcer ou détruire des liens, peut même entraîner une remise en question de nos choix de vie.

Enfin, l'aventure se poursuit par l'étape que le corps médical nomme la délivrance. Ici un ensemble de mécanismes se met en place pour permettre à cet être complètement dépendant de sa mère de commencer le chemin de son indépendance. Ce moment s'accompagne d'une palette d'émotions dont la joie est la plus grande. Les premiers cris du bébé marquent la fin du voyage en jet privé (tête à tête avec maman) et le début de celui-ci dans les transports en commun (partage avec la communauté).

Transmettre la vie s'est donc participer à cette magie qui permet de voir un être se développer dans le sein d'un autre et d'en sortir par une voie si petite en temps ordinaire... S'est aussi de voir les changements physiques qui s'opèrent pendant et après la grossesse. Mais surtout, s'est pour les Hommes l'occasion de prendre un engagement pour la vie, celui de participer à la socialisation de cet être qui ne demande qu'à découvrir son nouvel environnement...

Un mystère, une expérience à vivre, un voyage à entreprendre/partager pour la vie !!


Le doute

mercredi 9 décembre 2015

La vie et ses leçons

Coucou cher lecteur,

Le doute est de retour ... Hahahaha

Quand on naît on ne nous dit pas que l'Homme est ondoyant et divers, ni que la vie est pleine de surprises... Nos parents ou nos tuteurs nous encadre au mieux, espérant que leurs efforts seront suffisant pour nous armer au mieux. Oui oui nous armer car une fois hors du concon familial il faut se faire sa place. Il faut surtout tisser des liens avec d'autres personnes qui feront désormais parties de notre réseau social. Ces personnes nous aideront à acquérir de nouvelles armes pour faire face aux défis du quotidien.

Et oui, nos contacts/amis/followers/camarades sont autant d'occasions d'acquérir des leçons de la vie, des leçons de vie également. Les leçons seront joyeuses ou douloureuses mais une chose est certaines elles nous aideront à aller de l'avant, à savoir discerner le vrai du faux, à prendre de meilleures décisions, à renforcer nos convictions ou même à changer notre vision du monde ...

Quelque soit notre âge, la vie nous apprend toujours de nouvelles choses, il nous revient de savoir mettre à profit ces leçons pour mieux profiter de notre voyage sur terre.

Le doute

dimanche 25 octobre 2015

Ecole de la vie

Bonjour cher lecteur,

Je sais cela fais un bail que je ne suis pas passer par ici ... Je suis de retour disons juste sa comme sa hihihihihihihi.

Le séjour loin de vous n'a sûrement pas été le plus calme je vous rassure. L'ascension du Mont Cameroun a ouvert de nombreuses portes que j'aurais sûrement jamais imaginées traverser... Et je continue encore maintenant d'en ouvrir avec une vitesse incontrôlable.

Ce que je découvre chaque jour se sont surtout de belles leçons de vie sur le monde du travail, les relations humaines et la force de la famille. La vie me donne de belles leçons et j'espère être son élève le plus assidu. Le doute ne m'a sûrement pas quitté mais désormais j'ai confiance en Une personne qui guide tout et je teste la solidité de mes appuis sur mon entourage.

La confiance en soi est importante mais n'oubliez pas que celle que l'on met dans les autres doit toujours avoir des réserves. L'Homme est ondoyant et divers ... Se n'est que face à des situations du quotidien ou exceptionnelles que l'on découvre la vrai nature de ceux qui nous entoure... Le vrai sens des sourires partagés !!

La vie est belle et pleine de belles choses. Sachons les apprécier à leur juste valeur.


Le doute


samedi 22 août 2015

Vivre loin de son pays et décider de rentrer. Note d’écoute de la chanson zen yadzal (ekeke) de Mekongo President

Mekongo President - zen yadzal (ekeke) (Disques esperance ESP165523)


Dans ce partage, nous allons écouter Mekongo Président dans son chant intitulé, « zen yadzal (ekeke) »  et qui se traduit par : « le chemin du retour définitif au village ». Ce chanteur camerounais nous a laissé avant sa mort en 2014 plusieurs réflexions sur la condition africaine. Notre partage a trois parties : une traduction incomplète du chant (1) puis nous présentons a deux thèmes essentiels : (1) l’exil et (2) le retour au pays natal. Comment déploie-t-il son argumentation et que pouvons-nous penser de cet appel à rentrer au Pays.

  1. Traduction modifiable du chant « zen yadzal (ekeke)
« J’ai recherché les routes du pays. Cela fait  plusieurs années que je les ai cherchés. Le chemin du pays est tellement éloigné… qui va te consoler ; qui va te raconter quoi. Mon frère, rentre au village et vas y cultiver les champs ; toutes les brousses du pays t’attendent ainsi que tes amis et ta famille. Tu vas venir mourir de froid ici alors que le soleil brille dans ton pays. Quel froid ! qu’est ce que je fais ici ?  Le jour où je mettrai les pieds au village… ce sera définitif.  Le jour où je mettrai les pieds à Mvog-Ada, je le ferai définitivement ! Qu’est ce que j’ai en Amérique, aux USA, en Espagne, en Asie, en France ; quand je mettrai les pieds à Nkongsamba ; quand je vais prendre la voiture pour Mbalmayo, définitivement ! »


  1. L’exil
La première thématique qui parcourt ce chant est distribuée dans l’ensemble du texte. Les lieux évocateurs sont mis en évidence : l’Amérique, les Etats Unis, l’Asie, l’Espagne, la France. Cet éloignement géographique est mis en référence avec la chaleur du soleil du pays du chanteur. L’exil est ici vécu sous la forme du dépaysement. Mekongo Président s’interroge sur ce qu’il possède en Occident, aux Amériques et en Asie. La personne africaine émigrée s’interroge sur ses avoirs. Cette thématique est également reprise par Douleur, le chanteur de makossa qui affirme dans une chanson que tous les gains financiers obtenus par les Africains demeurent en Occident. L’argent sert à acheter de quoi se nourrir, se soigner et payer les taxes. Cette situation conduit justement à s’interroger sur la qualité de cet africain qui a décidé de vivre hors de chez lui : quelle est sa situation professionnelle ? Vit-il en situation de précarité ? A-t-il un travail précaire ou alors vogue-t-il incessamment entre dans des travaux provisoires ?  Du point de vue climatique, comme déjà souligné ci-dessus, le froid (hiver) qui déstabilise l’africain/e est-il la principale raison de la décision de rentrer? Le froid est-il métaphorique de la froideur des relations humaines ? Où « chacun est dans son chacun… » pour reprendre ce mot de Magic System qui dépeint ainsi l’individualisme occidental ; bien que cette pratique se répand aussi sur le continent africain. Qu’est ce qui motive donc ce retour ? Est-ce la décision pour cause d’échec ? ou alors, si le concerné décide de rentrer, est-ce parce qu’il est porté par un projet cohérent et muri de monter une entreprise sur place ?
Le volet affectif du retour est cependant présent dans ce texte où les mots sont porteurs des sentiments qu’éprouve le concerné qui décide de rentrer. Un air de nostalgie est mis en évidence par les propos tels que : « J’ai recherché les routes du pays ;  plusieurs années que je les ai cherchés. Le chemin du pays est tellement éloigné… qui va te consoler ; qui te racontera ? »
  1. Le retour au pays natal :
 Il est exprimé en une invitation sous la forme d’une injonction : « Mon frère, rentre au village, et vas-y cultiver les champs ; toutes les brousses du pays t’attendent ainsi que tes amis et famille ».
Le mbeinguiste à qui il est demandé de rentrer au village est donc invité à retrouver son village natal. La métaphore de la brousse le situera dans le monde rural où il mettra ses forces transformatrices. Est-il préparé ? Est-ce par dépit ? A-t-il les compétences nécessaires pour rentrer ? Qu’a-t-il acquis comme compétences sur place ?
La réserve que nous avons par rapport à cette chanson est qu’elle est formulée au futur. Sans doute que le chanteur invite toute personne qui vit cette situation à devoir se préparer sérieusement à un retour définitif : sous quel mode ?

Akono François Xavier

jeudi 16 avril 2015

Altitude : comme refus de néant d’être.

Altitude : comme refus de néant d’être.
Prendre de l’altitude demande un effort de dépassement de soi dans des attitudes qui rabaissent ou abaissent. L’altitude est ainsi une victoire contre ses propres penchants négatifs et une résonance avec les hauteurs qui sont à chercher et un horizon que l’on n’atteindra peut être pas. La marche vers le sommet de la montagne est ainsi orientée à la fois par le but recherché, la démarche et les marches à franchir. La démarche vers l’altitude de l’esprit requiert à la fois, de se poser et se reposer de temps à autres. Le cœur qui n’est pas en reste bat dans le corps et lui donne de la motivation pour atteindre l’objectif fixé par soi-même. La démarche vers l’altitude associe l’effort du fort contre lui-même. Sa manière de marcher dépend de son état intérieur ; si marcher vers les hauteurs impose une ascèse ; c’est en fonction du but poursuivi. Le corps s’efforce de tenir le bon rythme et la bonne cadence vers cette ascension. Endolori ou endommagé par l’élan vers l’altitude, il y a de quoi se reposer, se questionner sur ce qui a fait trébucher ou détourné de l’objectif premier : réussir à atteindre les sommets. La marche vers les sommets impose donc une discipline personnelle faite d’endurance dans l’élan vers le but. Cette endurance résulte d’une véritable méditation sur le but.
C’est ainsi qu’à l’effort physique est précédé l’effort mental. Celui-ci qui cherche à atteindre les sommets s’entraîne constamment à se fixer un but. Lequel ? Une fois déterminé le but qui est l’altitude, le port altier de l’âme se construit tout autour de la détermination. Etre déterminé s’impose de se donner du courage dans la marche vers les hauteurs. Cette conquête sur la paresse est une quête qui dynamise l’effort et incite à un déploiement personnel vers ce qui nous élèvera. Le but est toujours présent dans l’horizon et dans le cœur de celui ou celle qui veut marcher vers l’altitude.
La quête de l’altitude est un dépassement de sa propre limite et une volonté de se former l’esprit dans l’intention de réussir à atteindre le sommet de la montagne. C’est un travail sur soi afin dépasser ses propres imperfections ; et ainsi, désirer ardemment de se mettre en raison. La quête de l’altitude est un sursaut d’énergie contre ce qui m’anéantit, anéantit l’autre ; c’est un refus du néant d’être.
La quête de l’altitude est une montée par le biais des pensées positives. Cela se déroule dans l’optique d’une transmission des « trésors d’humanisme » ; Chacun peut l’effectuer dans son quotidien ; cette quête peut paraître insensée mais elle n’est qu’une modeste participation aux éléments constructifs pour le vivre-ensemble ; à la maison, au boulot,  dans l’espace commun.
AFX


vendredi 20 mars 2015

Serges Beynaud et l’afro-citoyenneté (OKENINKPIN)


Penser l’afro-citoyenneté à partir de Serges Beynaud.
Note d’écoute.
L'oreille du mélomane est alertée par OKENINKPIN, cette chanson de Serges Beynaud, on y écoute  une quête de l’identité à partir de l’Afrique. Que dit-il ? « Moi, je suis africain ; l’Afrique c’est chez moi, Afrique de fiers guerriers ; Afrique de jolies femmes » ; je m’attèle à comprendre cette phrase de l’artiste ivoirien qui chante le coupé-décâlé.  Je pense ses propos à partir d’une conception de l’Afrique qui est interprétée : assumer son identité « africaine » et la vivre à partir de ses forces et des possibilités réelles de présence au monde.
Qu’est ce qu’être africain ?
Qu’est ce qui fait de l’artiste un africain ? Est-ce parce qu’il est né en Afrique ? Ce qui est encore très vaste et très vague ; néanmoins, l’élocution du lieu « Afrique » pour lui est le refus de se laisser identifier précisément dans tel ou tel lieu précis du continent africain. Est-ce qu’il pense à ces africains qui sont nés en Europe ou en Amérique ? ou alors, pense-t-il à ces africains, descendants d’esclaves,  et qui ont néanmoins un lien avec le continent africain de par leur ascendance ? Se reconnaissent-ils comme provenant de cette lignée africaine ? L’assument-ils ? le problème peut se poser autrement par l’examen des rites et pratiques qui ont circulé dans le nouveau monde ; et vécus par ces fils et filles d’Afrique.
Le propos « Moi, je suis africain »,  peut s’entendre selon son sens premier ; c’est un sujet qui pose son existence comme africaine et africanisée. Le fait d’employer la première personne du singulier est la position de soi comme entité responsable de son élocution. La question de ce « je » qui énonce son africanité ou sa quiddité africaine ne s’enfermera-t-il pas dans son identité ? Il pose son africanité comme une essence ; il assume ainsi son hérédité de naissance et d’appartenance.
Peut être passe-t-on très vite sur le « je » et l’on oublie ce « moi »qui démarre la phrase ; ce « moi » s’assume par sa capacité de parler, d’assumer son discours qui se pose comme lui appartenant. Ce moi personnel est celui d’un individu de par son être assumé comme tel. Le « moi » qui pose ainsi son africanité  africain réfléchit sur son « moi ». Il se prend pour objet de pensée.
« Moi, je suis africain », je me pose comme africain. Par la suite, l’on se rend compte que l’artiste situe l’Afrique comme son lieu habituel de résidence, ou d’origine. « L’Afrique c’est chez moi ». Ici, le musicien étend son identité à toute l’Afrique. Cette extension identitaire, lui donne le droit de circuler partout dans l’Afrique ; il peut se rendre dans tous les endroits de l’Afrique où il trouvera place ; il y vivra l’amitié et l’hospitalité. Nullement dépaysé puisque des frères et des sœurs seront là pour l’accueillir. Dans tout coin d’Afrique, il sera accueilli, par un sourire ou par un mot chaleureux, par exemple, le fameux « AKWABA » de Côte d’Ivoire. Cette extension d’appartenance est une acte de solidarisation avec les africaine et les africains.
« L’Afrique c’est chez moi » ; Cette formulation met en confiance celui qui l’énonce et elle annonce la capacité de circuler là où il souhaite. Je m’y sens en confiance. La question qui se pose dans cette citation est celle de savoir comment prendre soin de ce chez soi. Si l’Afrique est le « chez moi », cela implique son entretien ; puisqu’en arrière fond de cette phrase, l’appartenance à une maison est en filigrane. Il s’agit de s’investir pour ses citoyens. Il est question de donner son cœur, son temps et son énergie pour que ce chez soi, soit propice à ce que tous et toutes aient de quoi se satisfaire de bien vivre.
Quelle est cette « Afrique » qui est la sienne ? N’est ce pas celle qui relit sa propre histoire ? Celle qui fait mémoire des moments humiliants que furent la vente des êtres humains au loin, par des frères africains pour les besoins d’esclavage ? Ce « chez soi » est la somme de ces malheurs, cette banalité de l’être humain qui chosifie son semblable.
« Moi je suis africain » est énonçable par celui de la diaspora africaine ; cette Afrique éparpillée dans le monde qu’elle soit en Europe ou en Amérique. L’histoire de la traite négrière, est revisitée dans la chair de ces africains quand ils affrontent dans leur lieu d’exil, l’injustice et le racisme. Cela montre que l’Afrique ne se pense pas en elle-même ; la rencontre entre l’Europe et l’Afrique a été conflictuelle. Est-ce l’Europe des Lumières et de la raison qui ainsi s’est répandue dans ses manières de faire et d’être, au point d’assujettir les autres peuples, en leur refusant la possibilité d’exister à partir de leurs croyances ? C’est aussi, l’Afrique des descendants d’Afrique qui ont fait de l’Europe ou de l’Amérique leur lieu de résidence et d’appartenance.
Cette Afrique qui rencontre l’Europe s’est définie par la double posture de l’humiliation et de la révolte. C’est pourquoi, l’on ne peut pas s’étonner des pratiques de révolte contre cet autrui qui a été dominateur.
De toutes les manières, l’artiste, est en rupture cette vision doloriste de l’Afrique et préfère plutôt chanter une Afrique de « fiers guerriers ».  C’est l’Afrique qui combat contre son aliénation ; celle qui lutte contre les forces d’oppression. C’est l’Afrique de Béhanzin, l’Afrique des Amazones, l’Afrique rêvée par Lumumba, par Um Nyobé, Steve Biko. Cette Afrique des africains qui luttent pour leur émancipation réelle. C’est l’Afrique des villages, l’Afrique des villes.
Son « Afrique de jolies femmes » est un procédé de mise en confiance des africains en leur invitant à avoir un estime d’eux-mêmes et d’elles-mêmes ; qu’ils estiment leur propre personne et arrêtent de se voir comme le summum de la victime du racisme. Cela rejoint bel et bien, « Africa is beautiful ». C’est un hymne à la beauté.
Cette afro-citoyenneté en appelle à une nouvelle manière de vivre selon le respect de soi, de la vie de soi-même et celle des autres. Le citoyen est celui qui s’engage pour la paix, et s’investit dans le travail de chaque jour, par ses talents, à rendre cet univers viable et vivable. L’afro-citoyen s’inquiète donc de ce déferlement de la violence et plaide pour la cessation de l’intégrisme, du fondamentalisme religieux. Au contraire, l’afro-citoyenne appelle au respect des coutumes pour la vie.
En fait, par cette phrase, Serges Beynaud est entrain de participer à l’enfantement de lieu qui pour lui a de l’importance : l’Afrique. Avec l’instrument musical, il s’affirme bel et bien comme un Afro-citoyen. Son afro-citoyenneté gagnera en densité si et seulement si chaque citoyen du continent a la possibilité de vivre selon ses compétences pour l’entretien de ce chez soi qu’il habite au carrefour de la rencontre avec les autres.
Akono François-Xavier. 

samedi 28 février 2015

ON EST ENSEMBLE-NOUS SOMMES ENSEMBLE

Entendu au moment où deux Camerounais ou Camerounaises se disent au-revoir, l’expression « on est ensemble » est à comprendre dans son sens large et approfondi. C’est ce à quoi nous convie ce modeste retour sur cette phrase pleine de sens.
Cette expression est portée par une forme d’intersubjectivité ; je ne suis pas seul au monde ; je suis au monde avec les autres. Grâce à eux, je peux me cultiver, m’instruire ; ils participent ainsi à ma croissance humaine et spirituelle. Ils me permettent d’avancer. Leur présence participante à ce que j’entreprends m’édifie.
Le "on est ensemble" est aussi et surtout un motif de se porter, de se supporter et s’apporter mutuellement du soutien dans un labeur qui se construit par les autres qui m’aident ainsi.
Cette expression est portée par une forme de communion d’esprit qui nous rassemble, qui nous unit, qui nous fédère au-delà des nos différences. La communion fraternelle construite sur l’amour et le respect mutuel veulent donc que dans cette pirogue qui nous porte sur les eaux, il sied de respecter la place de l’autre. Nous sommes dans la même pirogue ; si elle chavire, nous chavirons tous. Le « on est ensemble » intervient comme la base de la construction de la relation interpersonnelle, familiale et elle peut aboutir à une véritable prise au sérieux de la place de chacun dans la nation.
Quelle est la place que je réserve à l’autre ? comment est ce que je travaille à ce qu’il soit dans la paix, dans l’harmonie avec lui-même ; une compréhension du « nous sommes ensemble » désire donc voir une nation construite sur la justice, le respect du droit et des libertés fondamentales. Qu’est ce que vivre dans le bonheur si d’autres par contre végètent dans la grande pauvreté, la grande précarité, la grande humiliation due à leurs conditions tristes de vie ? Peut –on donc dire en ce moment là que « nous sommes ensemble » ? N’est ce pas justement le moment de revenir à la raison et travailler pour ces situations frustrantes soient éradiquées par tous ?
Cette formule, du « nous sommes ensemble » est en somme, une motivation, un mot très fort qui rassemble, assemble et fait vivre les uns par les autres. C’est une éthique de la rencontre, de l’accueil et de la compassion vécus. Le mot « on est ensemble » marque la volonté de tous de se rencontrer et de s’édifier mutuellement.  On n’est jamais seul au monde, dans une hospitalité vécue dans la vérité, l’on se reçoit les uns les autres, l’on vit pour s’aider, s’entraider.
Dans les situations difficiles vécues par la Nation, cette expression nous motive et nous fait nous serrer les coudes; revenant ainsi à tous les proverbes qui font la force de notre culture. 
To be continued..

Akono François-Xavier.

Escapade sur le Mont Cameroun, Le char des dieux

Haaaa le 21 février 2015 !

Se fut mémorable en tout point ...
Parti de Douala le vendredi soir, le duo de choc a eu le temps de visiter la zone estudiantine de Buea (ville du sud ouest Cameroun dans laquelle se trouve se mythique mont) lors d'une balade pédestre et de prendre quelque force pour l'escapade en montagne.

Samedi 21, très motivé et ravie de refaire cette ascension mythique, nous sommes allés à la rencontre du char des dieux, prêt de 4km à parcourir. Accompagné d'un guide très sympathique, nous avons battu notre record de temps pour atteindre le dernier refuge qui se trouve à environ 2 800 mètre. Nous avons sur le trajet rencontrée la reine Sarah Etonde (7 fois championne féminine de la course de l'espoir qui se déroule sur le parcours que nous allions suivre), le DG de l'entreprise Hysacam et ses collaborateurs, profité de la beauté du paysage et discuté avec d'autres passionnés (en français ou en anglais).

Motivé par cet exploit nous avons décidé de faire le chemin retour le même jour et de dormir à Douala ... Sur le retour nous avons compris pourquoi la course a été baptisé ''course de l'espoir'' ... En effet, il a fallu beaucoup d'espoir et de courage pour descendre parce qu'il fallait surmonter les douleurs du corps et les difficultés du trajet: malgré tout nous avons atteint notre objectif. La question sur la méthode adoptée par les coureurs pour ne fait qu'environ 4h de temps (allé et retour) reste tout un mystère.

Retour à Douala, retour à la réalité et à ses péripéties ... Comme pour beaucoup d'autre chose, il ne nous reste plus que les quelques images prises et nos souvenirs...

Merci !!

jeudi 5 février 2015

Note d’écoute : « LA NATION » de DEBORDO LEEKUNFA.

Note d’écoute : « LA NATION » de DEBORDO LEEKUNFA.
Mon habitude de mélomane me conduit à une chanson : « LA NATION » de DEBORDO LEEKUNFA qui chante en général en Eburnie, et fait danser au rythme du "coupé-décalé".  Je veux comprendre le contexte de l’inspiration de l’artiste ; le contenu de sa chanson. Voilà les deux parties qui vont structurer mon argument selon lequel : la nation est une entité à bâtir ensemble. Une question délicate : chante-t-il pour la Côte d'Ivoire? De quelle nation s'agit-il? Il est difficile de le savoir; sans doute que son propos certes contextuel a valeur d'interpellation des hommes et des femmes de son temps. Notre méditation sur le contexte d'éclosion de son propos, nous le situons au pays de l'Ivoire. 
Le contexte proche de composition de la chanson

Parue aux environs de 2011 (du moins, si l’on juge de son post sur le site de divertissement https://www.youtube.com/watch?v=_Km4Iq6dAto) la chanson, « LA NATION » du musicien DEBORDO LEEKUNFA est contemporaine des troubles politiques d'Eburnie. Ce pays  a connu le coup d’état, la Rébellion des Forces du Nouveau, les événements post-électoraux de 2011 qui virent plusieurs morts pour cause de querelle autour de la personne qui a gagné les élections présidentielles : « ---- » ou « ---».
C’est la preuve que le citoyen DEBORDO LEEKUNFA, qui joue de la musique n’est pas indemne de ce contexte qui motive son inspiration immédiate. Il est remarquable que l’acte citoyen se pose non seulement en une critique des politiques mortifères mais ramène à la conscience du vivre-ensemble dans un même espace dénommé la nation.
Certes l’étymologie du mot « nation » dans le contexte eburnien a vu l’éclosion du mot « éburnité » qui est une excroissance interprétative du fait d’être né de Père et de Mère éburnien. Le critère de naissance d’originaires de la nation est donc ce vecteur d’exclusion pour qui veut postuler aux charges présidentielles. C’est un débat qui est dangereux qu’il faut interroger philosophiquement afin d’éviter de telles dérives d’appartenances.
Si tel est le contexte polémique de production de cette musique, comment comprendre l’intention de l’artiste ? Et quels développements critiques pouvons-nous émettre sur la base des paroles dudit chant ?
La structure de la chanson
Le chant se compose d’une ouverture, d’un corps et d’une sortie. Que nous dit le texte ?
L’ouverture
L’ouverture ou l’introduction est une parole sur fond musical d’invocation priante ; on y entend, « bolingo, ya solo »  (l’amour vrai traduit du Lingala); en arrière plan du texte, l’âme du mélomane est transportée par un air spirituel qui l’accueille par le souffle infusé des instruments. Qu’est ce qui justifie cet élan spirituel ? Est-ce un appel à l’amour ; un appel à s’aimer les uns les autres ? L’interprétation sera examinée au fil du corps du texte. Est-ce une manière d’exorciser les démons de la division qui hantaient son pays ? Est-ce pour appeler Dieu au secours de l’humanité qui se déchire ? Est-ce une supplication mélodieuse adressée au Père de tous les humains ? L’interprétation plausible qui écarte la référence au divin est toutefois reprise par les harmoniques d’amour qu’inspire cette introduction. Elle peut être interprétée comme une prière d’introduction sous forme de supplique,  pourrait se lire comme un appel à Dieu ;  cette ouverture a les airs d’une invocation qui veut apaiser.  
Le développement du texte de la chanson

Je m’appelle « au pas la nation »
« Désormais je m’appelle OPA LA NATION, tu le sais ;
ALORS, mon devoir c’est de mettre la NATION, OPA »
Cette séquence phraséologique  est la marque d’une personne qui se lève et se soulève contre sa propre inertie. L’adverbe « désormais » qui précède la position de soi comme « JE » est à la fois une rupture et un nouvel élan. C’est un réveil brutal comme après une nuit cauchemardesque ; l’artiste invite à s’interroger ; avant qui était-il ? Quel était son statut au sein de la société d’Eburnie ? La nomination de « soi »  est posée à la première personne du singulier : « JE ». La précédence de la nomination de soi qui est suivie par la nouvelle détermination est une rupture entre le désordre et l’ordre. Je me nomme « au pas la nation » signifie la décision de se poser comme un maître qui redresse ce qui est courbé.  Remettre les choses dans leur vrai ordre ; et dans leur vraie finalité. La notion de « nation » qui est usitée est celle d’un ensemble géographique qui comprend des personnes nées au sein du même territoire. L’artiste est en cela fidèle aux définitions de ce qu’est la nation disponible en philosophie politique ou en sciences politiques.  Nous y sommes nés, et nous vivons. En cela, il rejoint la définition du dictionnaire le Petit Robert, qui fait de la Nation « un groupe humain constituant une communauté politique, établie sur un territoire et personnifié par une autorité souveraine ». Certes, comme mentionné dans le contexte d’éclosion de son chant, il sied de s’interroger si réellement la Côte d’Ivoire représente une « communauté politique », un ensemble de citoyens réunis au sein du même territoire.  Nous ne reviendrons pas sur le questionnement que la notion de nation connut dans les développements des sciences politiques et de la philosophie politique occidentale.  Nous nous concentrons plutôt sur l’usage qu’est fait par l’artiste dans cette musique qui interpelle.
Comment va-t-il redresser la nation ? S’il se dénomme désormais « AU PAS LA NATION », il casse l’inertie par une prise de parole responsable. Il est un sujet d’imputation morale qui assume ses propres paroles ; ses capacités pensantes s’orientent dès lors, vers une contestation qui a pour mot phrase et mot motivant : « je dis non » qui reviendra tout au long de la chanson. Ce pouvoir de dire « non » que l’artiste pose est situable dans la tradition de philosophie critique qui est une véritable contestation par la force de la critique.
La réflexion critique est l’une des possibilités de l’être humain. C’est réaliser sa vocation humaine que d’habiter le questionnement qui pèse et évalue les situations humaines. Critiquer c’est donc émettre un jugement ; c’est venir à la racine des choses et les évaluer sérieusement. Réfléchir, selon le mot de Hannah Arendt, « cela veut toujours [dire] penser de manière critique ; et réfléchir de manière critique, cela signifie que chaque pensée sape en fait  ce qu’il y a de règle rigide et de conviction générale ; » en cela, l’artiste rejoint la sphère critique de la vie sociopolitique. Il pense. Il conteste. Il examine de manière critique son propre contexte, sa propre nation.  C’est pourquoi sa prise de position est un énoncé qui secoue les dérives des politiciens.
Je dis non aux politiques de division
Le propos critique de l’artiste s’adresse aux dirigeants politiques. Il ouvre son propos par une supplication qui marque aussi un dépit « é, Dieu », est ce qui entendu en Eburnie quand une personne est dépassée par un événement et qu’elle souhaite en retour la voir s’améliorer. L’exclamation « é Dieu » est donc une prière, un appel à faire autrement les choses. C’est prendre le créateur à témoin devant les égarements des faux leaders. L’artiste est respectueux de ses dirigeants ; c’est pourquoi il énonce des propos incisifs à leur endroit.  Soucieux de toucher le cœur des dirigeants, il emploie le mot affectif de « papas » ; les dirigeants politiques pour DEBORDO LEEKUNFA sont la figure du papa qui est rappelé à son devoir de protection, de sécurité et d’aide à faire grandir la maisonnée. L’on comprend mieux pourquoi, il emploie dans la suite du chant, la métaphore de la Nation comme une famille. Les liens de la nation s’inspirent de la famille dans la mesure où ils se reçoivent du même héritage à la fois biologique et spirituel, culturel et humain. La famille connait ses tensions, ses déchirures mais il importe de se mettre au dessus et de recoudre le tissu fraternel distendu par une incompréhension. « La famille, rien que la famille ». Par l’appel au sentiment familial, l’artiste est peut être dans le registre affectif ; mais il lui revient néanmoins d’interpeller la famille par des questions adressées aux responsables.
Que demande-t-il aux dirigeants ? Sa volonté de mettre la nation au pas est une interpellation à éviter les politiques de violence. Quels sont ces dirigeants qui sont si radicaux qu’ils décident de s’entretuer et de tuer les innocents ? Cette interpellation est grosse des morts inutiles que l’ambition politique a causée. Une telle pratique est la partie la plus abjecte de la politique qui se confond dès lors à la transgression des interdits de voler et de tuer. L’artiste a contrario invite les dirigeants à se distinguer par le respect de l’injonction éthique : « tu ne tueras point ».  Le visage d’autrui (E. LEVIANS) qui se présente devant le bourreau est une supplication ; un renvoi à l’humanité en lui et chez lui. C’est le retour à la question de Dieu à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » ; « suis-je le gardien de mon frère ? » Oui, tu es le gardien de ton frère qui te regarde et te dit qu’il veut vivre.
L’artiste, en plus de cet appel à la morale de la responsabilité politique, nous oriente également à observer le domaine des pulsions mortifères et mortelles. Il est possible d’interpréter son mot « Arrêtons tout ça » dans le sens d’un questionnement des pratiques thanatocratiques. C’est l’insistance à questionner tout ce qui dans la société tue et anéantit l’autre, soit par rapport à ses opinions politiques ou religieuses. Quels sont ces citoyens qui veulent se détruire et coïncider avec les forces de violence qu’ils portent en eux ou en elles ? Par ce retour à ce qui anéantit, il est possible de revenir au mythe égyptien d’Isis et d’Osiris qu’affronte le couple Seth et Nephtys. Le monde est ainsi divisé entre des forces de vie et des forces de mort qui s’opposent dans le cœur humain et dans la réalité.   Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin ; il propose de quitter le « ça »  dans l’inteprétation freudienne de pulsion mortelle dans l’une de ses dimensions.
Pour des politiques du dialogue
Comment dépasser les politiques de division ; ne faut-il pas s’asseoir et discuter ? Tel est le pas constructif de la chanson. « Pardonnez, asseyez-vous discutez ». DEBORDO LEEKUNFA insiste sur des dimensions de la politique comme espace dialogual entre des partenaires sociaux. Il appelle les dirigeants à avoir la culture du dialogue constructif. Les normes de cette construction passent par l’inscription à se regarder, à cause et à discuter autour de l’arbre à palabres. Convoquer ainsi toutes les franges de la population au dialogue constructif requiert que chacun abandonne sa position et accepte la vertu du pardon.
Que signifier dialoguer ?
Pour aller plus loin, mettons DEBORDO LEEKUNFA en transversale avec les pensées de Fabien Eboussi Boulaga et Eric Weil. Il est possible de comprendre son propos « asseyez-vous discuter » dans le sens de la palabre et de la discussion.
La palabre est convoquée pour résoudre des différends ; les membres du clan sont invités pour prendre part aux assises et à chacun est donnée la parole. Les protagonistes du conflit montrent déjà qu’ils veulent résoudre le conflit. La participation des uns et des autres est collégiale et marque la ratification de tous aux conclusions des assises. La place du chef bien que prépondérante n’implique pas qu’il faille infléchir sur les décisions à prendre ; ce sont les anciens qui président ; ils délibèrent ; en fonction de leur âge, il leur est interdit des positions partisanes.  La confrontation entre les deux parties est totale, elle donne à connaître les sources du conflit, c’est  à l’assistance de montrer les torts, en recourant au contre interrogatoire ; le jeu de la réciprocité dans les échanges sera-t-il respecté ?  Peut-on employer l’éthique de l’harmonie de la palabre dans les institutions politiques et démocratiques ? Par contre, pour Éric Weil, la discussion est le socle de l’État constitutionnel car il s’agit désormais d’un échange humain ou la parole est échangée par une éthique de la discussion. Il suffit de fixer des règles de procédures en vue du bien commun. Le bien en lui-même devient sujet de la discussion qui peut s’appliquer au droit et à l’interprétation de la tradition. La communauté devient ainsi structurée par le langage. Elle peut chercher la vérité dans la discussion aristotélicienne. En fait, dans la discussion, l’homme peut opter pour la vertu. La discussion peut également se démocratiser dans les institutions.


La conclusion
L’artiste sait bien que ses propos vont choquer son auditoire ; et, pour finir, il salue révérencieusement son auditoire par un galimatias que lui seul comprend. La chanson s’achève donc par le fait de s’excuser les sensibilités et les mauvaises habitudes. Son mérite c’est d’avoir pensé de manière critique. La pensée critique qui secoue les chemins connus de médiocrité implique de s’installer dans l’inconfort de la pensée questionnante.
Tout compte fait, le texte est  un mélange de langues africaines et d’onomatopées qui appartiennent à l’animation musicale des DJ. L’un des paroles intéressantes est celle celle où il dit « a lobi kitoko » (il a bien parlé). Concluons par les mots de l’artiste qui nous a conduits à travers une méditation sur le sens de la « nation ».  « Les politiques divisent ma nation, je dis non ; les politiques veulent détruire mon pays, je dis non ; faut pas la nation que je suis, je dis non »
 « Pardonnez, asseyez-vous discutez »
 « La famille, rien que la famille »
Merci l’artiste ! mais prochainement, fais moins d’ATALAKOU des sportifs ; je te taquine car, ce sont sans doute tes sponsors majeurs.  Mais peut être "y'a même pas l'homme", comme tu le dis. Clin d’œil.
Akono François-Xavier.


mercredi 21 janvier 2015

La personne humaine aime-t-elle la raison et la vie ?

La personne humaine aime-t-elle la raison et la vie ? 

Je me demande s’il ne nous faut pas questionner quelques notions léguées par la tradition scolaire et académique.   
je questionne tout d'abord Aristote pour qui  l’homme est un animal politique  doué du langage raisonnable ; la seconde notion interrogée, je la prends  sur la base de compréhension d’un aspect mis en évidence par quelques penseurs, philosophes et théologiens d’Afrique et africanistes  (Tempels, Mveng, Mulago, Mbiti); à savoir, la vie comme socle de compréhension de l’existence quotidienne de nos terroirs. Je questionne ces notions sur la réalité des faits du terrorisme et de l’observation des morts inutiles liées à la mauvaise politique d’accaparement du pouvoir. Si la raison est la faculté de penser, de méditer et de comprendre le monde afin de devoir s’orienter, il sied de s’interroger. L’homme est-il doué de raison ? Les langages de la force ne sont-ils pas à l’opposé de la vie humaine ? La déviation volontaire de la question du « est-elle » au « aime-t-elle » vise un renversement ; on a trop pensé l’être et on a oublié « l’amour » ; or, poser son existence en termes qui questionne si j’aime me permet d’orienter l’existence par les tonalités affectives de ce qui anoblit le soi et l’autre. 
Ce cadre posé, deux questions m’orientent : la personne humaine aime-t-la raison ? La personne humaine aime-t-elle la vie ? 

Aimer la raison ou la déraison ? 

Je prends l’une des figures polémiques de l’humanité, à savoir le terroriste. Est-il doué de raison ?  Il n’a peut être pas lu Aristote ; mais du fait qu’il ait la même apparence que le « bipède raisonnable », que physiologiquement il ait un cerveau reconnu comme l’organe de la réflexion, il faut s’interroger. S’il a un cerveau, à quoi emploie-t-il son cerveau ? A concevoir des plans d’attaque ? A vouloir, conduire les autres de force à sa « foi » ? A faire du monde des humains des croyants par la force brute ? A détruire les édifices de « foi » des autres ? Est-ce à cela que sert la raison ? La raison sert-elle à fabriquer des armes à feu qui détruiront la vie de l’autre ? La raison sert-elle à employer la violence gratuite pour défendre une cause qui est de soi seul connu ? Est-elle l’organe qui médite sur la domination du monde par la construction d’outils mortifères à la grande joie de l’industrie des armes qui avance  et augmente son compte bancaire ? Puisque, pour que les humains satisfassent leur instinct destructif, il faut bien acheter les armes et les employer. Il est difficile de conclure que la personne humaine  soit douée de raison ; est-il fou ou folle ?

 Si l’intelligence est mise dans l’orientation du mépris de soi et des autres, peut-on affirmer que cette intelligence soit au service de la raison ? Si la raison demeure une faculté, elle doit s’exercer ; elle devrait réaliser ses possibilités ; la réalisation des possibilités revient à ramer à contre courant de l’animalité qui est destruction, instinct belliqueux et habitation de la noble place qui construit et milite en faveur de l’effectuation des capacités à construire des espaces de et pour la vie. Au regard des paragraphes qui précèdent, il est ardu de conclure que le terroriste aime la raison ; et qu’il chérit plutôt la déraison.

Aimer la vie ou la mort ?

Pour questionner si réellement l’africain et l’humain tout court aime la vie, je m’appuie sur l’article 4 de la Déclaration africaine des Droits de l’homme et des peuples qui stipule : « La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l'intégrité physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit. »  (Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples) L’actualité nous prouve pourtant le contraire. Si tel est le cas, je m’interroge donc de manière suivante : « est ce que les premiers penseurs africanistes et d’Afrique (Tempels, Mulago, Kagame, Mveng, Hebga, Hountondji,  Eboussi Boulaga, etc) se sont trompés  en inscrivant la vie  (dans ses multiples contours vie avec les autres, vie pour les autres, hospitalité, solidarité) comme base de compréhension de la vision du monde des africains ?

Ce que j’observe, c’est une certaine mutation ;  je vois des morts semés et répandus à la fois par le terrorisme et la police qui tue les manifestants contre la mauvaise politique. Si tel est le constat empirique, il convient donc d’affirmer que ce n’est plus  « la force vitale » (Tempels relisant les Luba) ; mais la force brutale qui est exercée.  Ces deux catégories, le terroriste le pourri-tique,  brutalisent la vie des citoyens ; ils ne la respectent guère. Respecter la vie de chacun revient à le laisser « vivre sa vie » ; c'est-à-dire à exercer ses capacités de résolution des problèmes liés à son environnement ; il ou elle veut bien vivre. S’il manifeste son mécontentement, par la voie de la casse, n’est ce pas qu’il est excédé ? Qu’il ou elle se rend compte que sa vie est méprisée ? Il n’a pas de quoi se vêtir, de quoi payer ses études, de quoi travailler après ses études universitaires ; quelle est la qualité de sa vie ?


Si la personne humaine commence à aimer la raison ; si la personne humaine commence à aimer la vie, je pense que l’humanité fera un grand bond. A revers, la personne humaine qui déchoit de son humanité (Eboussi Boulaga) devient banale ; sa vie risque ne pas avoir de l’épaisseur ; cette personne aura traversé l’existence en fantôme. « Les gens (pourri-ticiens ; terroristes)  là nous prennent pour de vrais paplés ! (fous) » « ils nous prennent pour des mbout (gaous) » ; or, la force du gaou réside dans  l’esprit critique. 
                                                                                                                                          Akono François-Xavier.