Waoooh quelle nouvelle !!
"Mes félicitations ..." , "Es tu sûre?", "Hâte de savoir s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon...", "Tu seras maman ... Êtes vous prêts pour être parents?"
Que la nouvelle soit attendue depuis un moment ou qu'il s'agisse d'un événement pas très bien planifié, la confirmation et l'annonce de celle-ci sont toujours pleines d'émotions et s'accompagnent de nombreuses interrogations... Pour la femme s'est le début d'un changement radical de comportement, d'attitude.
En effet, elle est désormais consciente de devoir prendre soin de deux personnes au quotidien, de devoir faire des choix qui engagent une vie (ne plus boire d'alcool, ne plus fumer, changer d'activité physique pour éviter un avortement involontaire, ...). Sa vision de l'extérieur change, elle prend conscience des dangers qui guettent cette nouvelle partie d'elle dont elle est responsable: la fibre maternelle et son instinct se développent. Elle a peur, peur de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout de la première partie du voyage, de ne pas être à la hauteur du rôle de maman, de prendre les mauvaises décisions: on ne parle plus de moi mais désormais de nous ...
La femme enceinte découvre également que son corps ne lui appartient plus. En plus de ne pas pouvoir maîtriser les changements physiques à venir, elle doit désormais faire don de celui-ci à la science. En effet, au fil des visites prénatales et des examens, elle doit bien souvent exposer cette partie de son anatomie tant protégée, dont l'accès a bien souvent été l'objet de conquêtes assidues et parfois infructueuses de la gente masculine.
Entre changements silencieux mais attendus (les formes qui s'arrondissent), douloureux (crampe nocturne, contraction, remontées gastriques, ...) Ou non (important besoin de dormir, augmentation de l'appétit,...), il y'a les hormones à gérer... Elle peut désormais vivre une série d'émotions variées en une fraction de seconde et de manière incontrôlée. Son entourage en est le témoin silencieux et involontaire, qui doit désormais gérer entre autre, sauts d'humeur et indécision.
La femme enceinte en Afrique est choyée. Elle fait l'objet d'attentions de la part des siens mais également de celui de nombreux inconnus rencontrés au quotidien. La société la sait fragile et lui manifeste son soutien dans toutes les situations, sa reconnaissance pour le sacrifice consenti afin de donner à la collectivité une nouvelle ressource humaine...
Je suis enceinte ... Je vais participer au mystère de la vie ... Je ne suis plus seule ...
Le doute
mercredi 30 décembre 2015
mardi 29 décembre 2015
Transmettre la vie
Il y'a des situations de la vie pour lesquelles il est impossible d'imaginer à l'avance comment l'on réagira, les décisions que l'on prendra.
L'une des plus belles est celle où l'on a l'honneur de participer au mystère de la transmission de la vie ... Et oui, donner la vie c'est de la magie... Tout d'abord parce que les raisons pour lesquelles une femme peu concevoir et pas une autre ne sont pas toujours justifiables scientifiquement. Alors déjà il est important de savoir dire merci pour cette grâce.
Ensuite les 9 mois qui représente la durée moyenne d'une grossesse peuvent être aussi calme qu'un lac ou aussi tumultueux que les montagnes russes des fêtes foraines. La femme passe alors par toutes les métamorphoses physiques et psychologiques nécessaires pour accueillir cette vie. Son entourage prend également conscience des changements à venir et prépare ceux-ci au fil des jours. Encore une fois nul ne peut prédire les réactions que produiront ces différents changements dans la vie des uns et des autres. Le voyage peut renforcer ou détruire des liens, peut même entraîner une remise en question de nos choix de vie.
Enfin, l'aventure se poursuit par l'étape que le corps médical nomme la délivrance. Ici un ensemble de mécanismes se met en place pour permettre à cet être complètement dépendant de sa mère de commencer le chemin de son indépendance. Ce moment s'accompagne d'une palette d'émotions dont la joie est la plus grande. Les premiers cris du bébé marquent la fin du voyage en jet privé (tête à tête avec maman) et le début de celui-ci dans les transports en commun (partage avec la communauté).
Transmettre la vie s'est donc participer à cette magie qui permet de voir un être se développer dans le sein d'un autre et d'en sortir par une voie si petite en temps ordinaire... S'est aussi de voir les changements physiques qui s'opèrent pendant et après la grossesse. Mais surtout, s'est pour les Hommes l'occasion de prendre un engagement pour la vie, celui de participer à la socialisation de cet être qui ne demande qu'à découvrir son nouvel environnement...
Un mystère, une expérience à vivre, un voyage à entreprendre/partager pour la vie !!
Le doute
L'une des plus belles est celle où l'on a l'honneur de participer au mystère de la transmission de la vie ... Et oui, donner la vie c'est de la magie... Tout d'abord parce que les raisons pour lesquelles une femme peu concevoir et pas une autre ne sont pas toujours justifiables scientifiquement. Alors déjà il est important de savoir dire merci pour cette grâce.
Ensuite les 9 mois qui représente la durée moyenne d'une grossesse peuvent être aussi calme qu'un lac ou aussi tumultueux que les montagnes russes des fêtes foraines. La femme passe alors par toutes les métamorphoses physiques et psychologiques nécessaires pour accueillir cette vie. Son entourage prend également conscience des changements à venir et prépare ceux-ci au fil des jours. Encore une fois nul ne peut prédire les réactions que produiront ces différents changements dans la vie des uns et des autres. Le voyage peut renforcer ou détruire des liens, peut même entraîner une remise en question de nos choix de vie.
Enfin, l'aventure se poursuit par l'étape que le corps médical nomme la délivrance. Ici un ensemble de mécanismes se met en place pour permettre à cet être complètement dépendant de sa mère de commencer le chemin de son indépendance. Ce moment s'accompagne d'une palette d'émotions dont la joie est la plus grande. Les premiers cris du bébé marquent la fin du voyage en jet privé (tête à tête avec maman) et le début de celui-ci dans les transports en commun (partage avec la communauté).
Transmettre la vie s'est donc participer à cette magie qui permet de voir un être se développer dans le sein d'un autre et d'en sortir par une voie si petite en temps ordinaire... S'est aussi de voir les changements physiques qui s'opèrent pendant et après la grossesse. Mais surtout, s'est pour les Hommes l'occasion de prendre un engagement pour la vie, celui de participer à la socialisation de cet être qui ne demande qu'à découvrir son nouvel environnement...
Un mystère, une expérience à vivre, un voyage à entreprendre/partager pour la vie !!
Le doute
mercredi 9 décembre 2015
La vie et ses leçons
Coucou cher lecteur,
Le doute est de retour ... Hahahaha
Quand on naît on ne nous dit pas que l'Homme est ondoyant et divers, ni que la vie est pleine de surprises... Nos parents ou nos tuteurs nous encadre au mieux, espérant que leurs efforts seront suffisant pour nous armer au mieux. Oui oui nous armer car une fois hors du concon familial il faut se faire sa place. Il faut surtout tisser des liens avec d'autres personnes qui feront désormais parties de notre réseau social. Ces personnes nous aideront à acquérir de nouvelles armes pour faire face aux défis du quotidien.
Et oui, nos contacts/amis/followers/camarades sont autant d'occasions d'acquérir des leçons de la vie, des leçons de vie également. Les leçons seront joyeuses ou douloureuses mais une chose est certaines elles nous aideront à aller de l'avant, à savoir discerner le vrai du faux, à prendre de meilleures décisions, à renforcer nos convictions ou même à changer notre vision du monde ...
Quelque soit notre âge, la vie nous apprend toujours de nouvelles choses, il nous revient de savoir mettre à profit ces leçons pour mieux profiter de notre voyage sur terre.
Le doute
Le doute est de retour ... Hahahaha
Quand on naît on ne nous dit pas que l'Homme est ondoyant et divers, ni que la vie est pleine de surprises... Nos parents ou nos tuteurs nous encadre au mieux, espérant que leurs efforts seront suffisant pour nous armer au mieux. Oui oui nous armer car une fois hors du concon familial il faut se faire sa place. Il faut surtout tisser des liens avec d'autres personnes qui feront désormais parties de notre réseau social. Ces personnes nous aideront à acquérir de nouvelles armes pour faire face aux défis du quotidien.
Et oui, nos contacts/amis/followers/camarades sont autant d'occasions d'acquérir des leçons de la vie, des leçons de vie également. Les leçons seront joyeuses ou douloureuses mais une chose est certaines elles nous aideront à aller de l'avant, à savoir discerner le vrai du faux, à prendre de meilleures décisions, à renforcer nos convictions ou même à changer notre vision du monde ...
Quelque soit notre âge, la vie nous apprend toujours de nouvelles choses, il nous revient de savoir mettre à profit ces leçons pour mieux profiter de notre voyage sur terre.
Le doute
dimanche 25 octobre 2015
Ecole de la vie
Bonjour cher lecteur,
Je sais cela fais un bail que je ne suis pas passer par ici ... Je suis de retour disons juste sa comme sa hihihihihihihi.
Le séjour loin de vous n'a sûrement pas été le plus calme je vous rassure. L'ascension du Mont Cameroun a ouvert de nombreuses portes que j'aurais sûrement jamais imaginées traverser... Et je continue encore maintenant d'en ouvrir avec une vitesse incontrôlable.
Ce que je découvre chaque jour se sont surtout de belles leçons de vie sur le monde du travail, les relations humaines et la force de la famille. La vie me donne de belles leçons et j'espère être son élève le plus assidu. Le doute ne m'a sûrement pas quitté mais désormais j'ai confiance en Une personne qui guide tout et je teste la solidité de mes appuis sur mon entourage.
La confiance en soi est importante mais n'oubliez pas que celle que l'on met dans les autres doit toujours avoir des réserves. L'Homme est ondoyant et divers ... Se n'est que face à des situations du quotidien ou exceptionnelles que l'on découvre la vrai nature de ceux qui nous entoure... Le vrai sens des sourires partagés !!
La vie est belle et pleine de belles choses. Sachons les apprécier à leur juste valeur.
Le doute
Je sais cela fais un bail que je ne suis pas passer par ici ... Je suis de retour disons juste sa comme sa hihihihihihihi.
Le séjour loin de vous n'a sûrement pas été le plus calme je vous rassure. L'ascension du Mont Cameroun a ouvert de nombreuses portes que j'aurais sûrement jamais imaginées traverser... Et je continue encore maintenant d'en ouvrir avec une vitesse incontrôlable.
Ce que je découvre chaque jour se sont surtout de belles leçons de vie sur le monde du travail, les relations humaines et la force de la famille. La vie me donne de belles leçons et j'espère être son élève le plus assidu. Le doute ne m'a sûrement pas quitté mais désormais j'ai confiance en Une personne qui guide tout et je teste la solidité de mes appuis sur mon entourage.
La confiance en soi est importante mais n'oubliez pas que celle que l'on met dans les autres doit toujours avoir des réserves. L'Homme est ondoyant et divers ... Se n'est que face à des situations du quotidien ou exceptionnelles que l'on découvre la vrai nature de ceux qui nous entoure... Le vrai sens des sourires partagés !!
La vie est belle et pleine de belles choses. Sachons les apprécier à leur juste valeur.
Le doute
samedi 22 août 2015
Vivre loin de son pays et décider de rentrer. Note d’écoute de la chanson zen yadzal (ekeke) de Mekongo President
Mekongo
President - zen yadzal (ekeke) (Disques esperance ESP165523)
Dans ce partage, nous allons
écouter Mekongo Président dans son chant intitulé, « zen yadzal (ekeke) » et qui se traduit par : « le chemin
du retour définitif au village ». Ce chanteur camerounais nous a laissé
avant sa mort en 2014 plusieurs réflexions sur la condition africaine. Notre partage
a trois parties : une traduction incomplète du chant (1) puis nous
présentons a deux thèmes essentiels : (1) l’exil et (2) le retour au pays
natal. Comment déploie-t-il son argumentation et que pouvons-nous penser de cet
appel à rentrer au Pays.
- Traduction modifiable du chant « zen yadzal (ekeke)
« J’ai
recherché les routes du pays. Cela fait plusieurs années que je les ai cherchés. Le
chemin du pays est tellement éloigné… qui va te consoler ; qui va te
raconter quoi. Mon frère, rentre au village et vas y cultiver les champs ;
toutes les brousses du pays t’attendent ainsi que tes amis et ta famille. Tu
vas venir mourir de froid ici alors que le soleil brille dans ton pays. Quel
froid ! qu’est ce que je fais ici ? Le jour où je mettrai les pieds au village… ce
sera définitif. Le jour où je mettrai
les pieds à Mvog-Ada, je le ferai définitivement ! Qu’est ce que j’ai en
Amérique, aux USA, en Espagne, en Asie, en France ; quand je mettrai les
pieds à Nkongsamba ; quand je vais prendre la voiture pour Mbalmayo,
définitivement ! »
- L’exil
La première
thématique qui parcourt ce chant est distribuée dans l’ensemble du texte. Les lieux
évocateurs sont mis en évidence : l’Amérique, les Etats Unis, l’Asie, l’Espagne,
la France. Cet éloignement géographique est mis en référence avec la chaleur du
soleil du pays du chanteur. L’exil est ici vécu sous la forme du dépaysement. Mekongo
Président s’interroge sur ce qu’il possède en Occident, aux Amériques et en
Asie. La personne africaine émigrée s’interroge sur ses avoirs. Cette thématique
est également reprise par Douleur, le chanteur de makossa qui affirme dans une
chanson que tous les gains financiers obtenus par les Africains demeurent en
Occident. L’argent sert à acheter de quoi se nourrir, se soigner et payer les
taxes. Cette situation conduit justement à s’interroger sur la qualité de cet
africain qui a décidé de vivre hors de chez lui : quelle est sa situation
professionnelle ? Vit-il en situation de précarité ? A-t-il un
travail précaire ou alors vogue-t-il incessamment entre dans des travaux
provisoires ? Du point de vue
climatique, comme déjà souligné ci-dessus, le froid (hiver) qui déstabilise l’africain/e
est-il la principale raison de la décision de rentrer? Le froid est-il
métaphorique de la froideur des relations humaines ? Où « chacun est
dans son chacun… » pour reprendre ce mot de Magic System qui dépeint ainsi
l’individualisme occidental ; bien que cette pratique se répand aussi sur
le continent africain. Qu’est ce qui motive donc ce retour ? Est-ce la
décision pour cause d’échec ? ou alors, si le concerné décide de rentrer,
est-ce parce qu’il est porté par un projet cohérent et muri de monter une
entreprise sur place ?
Le volet
affectif du retour est cependant présent dans ce texte où les mots sont
porteurs des sentiments qu’éprouve le concerné qui décide de rentrer. Un air de
nostalgie est mis en évidence par les propos tels que : « J’ai
recherché les routes du pays ; plusieurs années que je les ai cherchés. Le
chemin du pays est tellement éloigné… qui va te consoler ; qui te
racontera ? »
- Le retour au pays natal :
Il est exprimé en une invitation sous la forme
d’une injonction : « Mon frère, rentre au village, et vas-y cultiver
les champs ; toutes les brousses du pays t’attendent ainsi que tes amis et
famille ».
Le mbeinguiste à qui il est
demandé de rentrer au village est donc invité à retrouver son village natal. La
métaphore de la brousse le situera dans le monde rural où il mettra ses forces
transformatrices. Est-il préparé ? Est-ce par dépit ? A-t-il les
compétences nécessaires pour rentrer ? Qu’a-t-il acquis comme compétences
sur place ?
La réserve que nous avons par
rapport à cette chanson est qu’elle est formulée au futur. Sans doute que le
chanteur invite toute personne qui vit cette situation à devoir se préparer sérieusement
à un retour définitif : sous quel mode ?
Akono François Xavier
jeudi 16 avril 2015
Altitude : comme refus de néant d’être.
Altitude : comme refus de néant d’être.
Prendre de l’altitude demande un effort de dépassement de soi dans des
attitudes qui rabaissent ou abaissent. L’altitude est ainsi une victoire contre
ses propres penchants négatifs et une résonance avec les hauteurs qui sont à
chercher et un horizon que l’on n’atteindra peut être pas. La marche vers le
sommet de la montagne est ainsi orientée à la fois par le but recherché, la
démarche et les marches à franchir. La démarche vers l’altitude de l’esprit
requiert à la fois, de se poser et se reposer de temps à autres. Le cœur qui n’est
pas en reste bat dans le corps et lui donne de la motivation pour atteindre l’objectif
fixé par soi-même. La démarche vers l’altitude associe l’effort du fort contre
lui-même. Sa manière de marcher dépend de son état intérieur ; si marcher
vers les hauteurs impose une ascèse ; c’est en fonction du but poursuivi. Le
corps s’efforce de tenir le bon rythme et la bonne cadence vers cette
ascension. Endolori ou endommagé par l’élan vers l’altitude, il y a de quoi se
reposer, se questionner sur ce qui a fait trébucher ou détourné de l’objectif
premier : réussir à atteindre les sommets. La marche vers les sommets
impose donc une discipline personnelle faite d’endurance dans l’élan vers le
but. Cette endurance résulte d’une véritable méditation sur le but.
C’est ainsi qu’à l’effort physique est précédé l’effort mental. Celui-ci
qui cherche à atteindre les sommets s’entraîne constamment à se fixer un but. Lequel ?
Une fois déterminé le but qui est l’altitude, le port altier de l’âme se
construit tout autour de la détermination. Etre déterminé s’impose de se donner
du courage dans la marche vers les hauteurs. Cette conquête sur la paresse est
une quête qui dynamise l’effort et incite à un déploiement personnel vers ce
qui nous élèvera. Le but est toujours présent dans l’horizon et dans le cœur de
celui ou celle qui veut marcher vers l’altitude.
La quête de l’altitude est un dépassement de sa propre limite et une
volonté de se former l’esprit dans l’intention de réussir à atteindre le sommet
de la montagne. C’est un travail sur soi afin dépasser ses propres imperfections ;
et ainsi, désirer ardemment de se mettre en raison. La quête de l’altitude est
un sursaut d’énergie contre ce qui m’anéantit, anéantit l’autre ; c’est un
refus du néant d’être.
La quête de l’altitude est une montée par le biais des pensées
positives. Cela se déroule dans l’optique d’une transmission des « trésors
d’humanisme » ; Chacun peut l’effectuer dans son quotidien ;
cette quête peut paraître insensée mais elle n’est qu’une modeste participation
aux éléments constructifs pour le vivre-ensemble ; à la maison, au boulot,
dans l’espace commun.
AFX
vendredi 20 mars 2015
Serges Beynaud et l’afro-citoyenneté (OKENINKPIN)
Penser l’afro-citoyenneté à partir de
Serges Beynaud.
Note d’écoute.
L'oreille du mélomane est alertée par OKENINKPIN, cette chanson
de Serges Beynaud, on y écoute une quête de l’identité à partir de
l’Afrique. Que dit-il ? « Moi, je suis africain ; l’Afrique
c’est chez moi, Afrique de fiers guerriers ; Afrique de jolies
femmes » ; je m’attèle à comprendre cette phrase de l’artiste
ivoirien qui chante le coupé-décâlé. Je pense ses propos à partir
d’une conception de l’Afrique qui est interprétée : assumer son identité
« africaine » et la vivre à partir de ses forces et des possibilités
réelles de présence au monde.
Qu’est ce
qu’être africain ?
Qu’est ce qui fait de l’artiste un africain ? Est-ce
parce qu’il est né en Afrique ? Ce qui est encore très vaste et très
vague ; néanmoins, l’élocution du lieu « Afrique » pour lui est
le refus de se laisser identifier précisément dans tel ou tel lieu précis du
continent africain. Est-ce qu’il pense à ces africains qui sont nés en Europe
ou en Amérique ? ou alors, pense-t-il à ces africains, descendants
d’esclaves, et qui ont néanmoins un lien avec le continent africain
de par leur ascendance ? Se reconnaissent-ils comme provenant de cette lignée
africaine ? L’assument-ils ? le problème peut se poser autrement par
l’examen des rites et pratiques qui ont circulé dans le nouveau monde ; et
vécus par ces fils et filles d’Afrique.
Le propos « Moi, je suis africain », peut
s’entendre selon son sens premier ; c’est un sujet qui pose son existence
comme africaine et africanisée. Le fait d’employer la première personne du
singulier est la position de soi comme entité responsable de son élocution. La
question de ce « je » qui énonce son africanité ou sa quiddité
africaine ne s’enfermera-t-il pas dans son identité ? Il pose son
africanité comme une essence ; il assume ainsi son hérédité de naissance
et d’appartenance.
Peut être passe-t-on très vite sur le « je » et
l’on oublie ce « moi »qui démarre la phrase ; ce
« moi » s’assume par sa capacité de parler, d’assumer son discours
qui se pose comme lui appartenant. Ce moi personnel est celui d’un individu de
par son être assumé comme tel. Le « moi » qui pose ainsi son
africanité africain réfléchit sur son « moi ». Il se prend
pour objet de pensée.
« Moi, je suis africain », je me pose comme
africain. Par la suite, l’on se rend compte que l’artiste situe l’Afrique comme
son lieu habituel de résidence, ou d’origine. « L’Afrique c’est chez
moi ». Ici, le musicien étend son identité à toute l’Afrique. Cette
extension identitaire, lui donne le droit de circuler partout dans
l’Afrique ; il peut se rendre dans tous les endroits de l’Afrique où il
trouvera place ; il y vivra l’amitié et l’hospitalité. Nullement dépaysé
puisque des frères et des sœurs seront là pour l’accueillir. Dans tout coin
d’Afrique, il sera accueilli, par un sourire ou par un mot chaleureux, par
exemple, le fameux « AKWABA » de Côte d’Ivoire. Cette extension
d’appartenance est une acte de solidarisation avec les africaine et les
africains.
« L’Afrique c’est chez moi » ; Cette
formulation met en confiance celui qui l’énonce et elle annonce la capacité de
circuler là où il souhaite. Je m’y sens en confiance. La question qui se pose
dans cette citation est celle de savoir comment prendre soin de ce chez soi. Si
l’Afrique est le « chez moi », cela implique son entretien ;
puisqu’en arrière fond de cette phrase, l’appartenance à une maison est en
filigrane. Il s’agit de s’investir pour ses citoyens. Il est question de donner
son cœur, son temps et son énergie pour que ce chez soi, soit propice à ce que
tous et toutes aient de quoi se satisfaire de bien vivre.
Quelle est cette « Afrique » qui est la
sienne ? N’est ce pas celle qui relit sa propre histoire ? Celle qui
fait mémoire des moments humiliants que furent la vente des êtres humains au
loin, par des frères africains pour les besoins d’esclavage ? Ce
« chez soi » est la somme de ces malheurs, cette banalité de l’être
humain qui chosifie son semblable.
« Moi je suis africain » est énonçable par celui de
la diaspora africaine ; cette Afrique éparpillée dans le monde qu’elle
soit en Europe ou en Amérique. L’histoire de la traite négrière, est revisitée
dans la chair de ces africains quand ils affrontent dans leur lieu d’exil,
l’injustice et le racisme. Cela montre que l’Afrique ne se pense pas en
elle-même ; la rencontre entre l’Europe et l’Afrique a été conflictuelle.
Est-ce l’Europe des Lumières et de la raison qui ainsi s’est répandue dans ses
manières de faire et d’être, au point d’assujettir les autres peuples, en leur
refusant la possibilité d’exister à partir de leurs croyances ? C’est
aussi, l’Afrique des descendants d’Afrique qui ont fait de l’Europe ou de
l’Amérique leur lieu de résidence et d’appartenance.
Cette Afrique qui rencontre l’Europe s’est définie par la
double posture de l’humiliation et de la révolte. C’est pourquoi, l’on ne peut
pas s’étonner des pratiques de révolte contre cet autrui qui a été dominateur.
De toutes les manières, l’artiste, est en rupture cette
vision doloriste de l’Afrique et préfère plutôt chanter une Afrique de
« fiers guerriers ». C’est l’Afrique qui combat contre son
aliénation ; celle qui lutte contre les forces d’oppression. C’est
l’Afrique de Béhanzin, l’Afrique des Amazones, l’Afrique rêvée par Lumumba, par
Um Nyobé, Steve Biko. Cette Afrique des africains qui luttent pour leur
émancipation réelle. C’est l’Afrique des villages, l’Afrique des villes.
Son « Afrique de jolies femmes » est un procédé de
mise en confiance des africains en leur invitant à avoir un estime d’eux-mêmes
et d’elles-mêmes ; qu’ils estiment leur propre personne et arrêtent de se
voir comme le summum de la victime du racisme. Cela rejoint bel et bien,
« Africa is beautiful ». C’est un hymne à la beauté.
Cette afro-citoyenneté en appelle à une nouvelle manière de
vivre selon le respect de soi, de la vie de soi-même et celle des autres. Le
citoyen est celui qui s’engage pour la paix, et s’investit dans le travail de
chaque jour, par ses talents, à rendre cet univers viable et vivable.
L’afro-citoyen s’inquiète donc de ce déferlement de la violence et plaide pour
la cessation de l’intégrisme, du fondamentalisme religieux. Au contraire,
l’afro-citoyenne appelle au respect des coutumes pour la vie.
En fait, par cette phrase, Serges Beynaud est entrain de
participer à l’enfantement de lieu qui pour lui a de l’importance :
l’Afrique. Avec l’instrument musical, il s’affirme bel et bien comme un
Afro-citoyen. Son afro-citoyenneté gagnera en densité si et seulement si chaque
citoyen du continent a la possibilité de vivre selon ses compétences pour
l’entretien de ce chez soi qu’il habite au carrefour de la rencontre avec les
autres.
Akono François-Xavier.
samedi 28 février 2015
ON EST ENSEMBLE-NOUS SOMMES ENSEMBLE
Entendu au moment où deux
Camerounais ou Camerounaises se disent au-revoir, l’expression « on est
ensemble » est à comprendre dans son sens large et approfondi. C’est ce à
quoi nous convie ce modeste retour sur cette phrase pleine de sens.
Cette expression est portée par
une forme d’intersubjectivité ; je ne suis pas seul au monde ; je
suis au monde avec les autres. Grâce à eux, je peux me cultiver, m’instruire ;
ils participent ainsi à ma croissance humaine et spirituelle. Ils me permettent
d’avancer. Leur présence participante à ce que j’entreprends m’édifie.
Le "on est ensemble" est aussi et
surtout un motif de se porter, de se supporter et s’apporter mutuellement du
soutien dans un labeur qui se construit par les autres qui m’aident ainsi.
Cette expression est portée par
une forme de communion d’esprit qui nous rassemble, qui nous unit, qui nous
fédère au-delà des nos différences. La communion fraternelle construite sur l’amour
et le respect mutuel veulent donc que dans cette pirogue qui nous porte sur les
eaux, il sied de respecter la place de l’autre. Nous sommes dans la même
pirogue ; si elle chavire, nous chavirons tous. Le « on est
ensemble » intervient comme la base de la construction de la relation
interpersonnelle, familiale et elle peut aboutir à une véritable prise au
sérieux de la place de chacun dans la nation.
Quelle est la place que je
réserve à l’autre ? comment est ce que je travaille à ce qu’il soit dans
la paix, dans l’harmonie avec lui-même ; une compréhension du « nous
sommes ensemble » désire donc voir une nation construite sur la justice,
le respect du droit et des libertés fondamentales. Qu’est ce que vivre dans le
bonheur si d’autres par contre végètent dans la grande pauvreté, la grande
précarité, la grande humiliation due à leurs conditions tristes de vie ? Peut
–on donc dire en ce moment là que « nous sommes ensemble » ? N’est
ce pas justement le moment de revenir à la raison et travailler pour ces
situations frustrantes soient éradiquées par tous ?
Cette formule, du « nous
sommes ensemble » est en somme, une motivation, un mot très fort qui
rassemble, assemble et fait vivre les uns par les autres. C’est une éthique de
la rencontre, de l’accueil et de la compassion vécus. Le mot « on est
ensemble » marque la volonté de tous de se rencontrer et de s’édifier
mutuellement. On n’est jamais seul au
monde, dans une hospitalité vécue dans la vérité, l’on se reçoit les uns les
autres, l’on vit pour s’aider, s’entraider.
Dans les situations difficiles vécues par la Nation, cette expression nous motive et nous fait nous serrer les coudes; revenant ainsi à tous les proverbes qui font la force de notre culture.
To be continued..
Akono François-Xavier.
Escapade sur le Mont Cameroun, Le char des dieux
Haaaa le 21 février 2015 !
Se fut mémorable en tout point ...
Parti de Douala le vendredi soir, le duo de choc a eu le temps de visiter la zone estudiantine de Buea (ville du sud ouest Cameroun dans laquelle se trouve se mythique mont) lors d'une balade pédestre et de prendre quelque force pour l'escapade en montagne.
Samedi 21, très motivé et ravie de refaire cette ascension mythique, nous sommes allés à la rencontre du char des dieux, prêt de 4km à parcourir. Accompagné d'un guide très sympathique, nous avons battu notre record de temps pour atteindre le dernier refuge qui se trouve à environ 2 800 mètre. Nous avons sur le trajet rencontrée la reine Sarah Etonde (7 fois championne féminine de la course de l'espoir qui se déroule sur le parcours que nous allions suivre), le DG de l'entreprise Hysacam et ses collaborateurs, profité de la beauté du paysage et discuté avec d'autres passionnés (en français ou en anglais).
Motivé par cet exploit nous avons décidé de faire le chemin retour le même jour et de dormir à Douala ... Sur le retour nous avons compris pourquoi la course a été baptisé ''course de l'espoir'' ... En effet, il a fallu beaucoup d'espoir et de courage pour descendre parce qu'il fallait surmonter les douleurs du corps et les difficultés du trajet: malgré tout nous avons atteint notre objectif. La question sur la méthode adoptée par les coureurs pour ne fait qu'environ 4h de temps (allé et retour) reste tout un mystère.
Retour à Douala, retour à la réalité et à ses péripéties ... Comme pour beaucoup d'autre chose, il ne nous reste plus que les quelques images prises et nos souvenirs...
Merci !!
Se fut mémorable en tout point ...
Parti de Douala le vendredi soir, le duo de choc a eu le temps de visiter la zone estudiantine de Buea (ville du sud ouest Cameroun dans laquelle se trouve se mythique mont) lors d'une balade pédestre et de prendre quelque force pour l'escapade en montagne.
Samedi 21, très motivé et ravie de refaire cette ascension mythique, nous sommes allés à la rencontre du char des dieux, prêt de 4km à parcourir. Accompagné d'un guide très sympathique, nous avons battu notre record de temps pour atteindre le dernier refuge qui se trouve à environ 2 800 mètre. Nous avons sur le trajet rencontrée la reine Sarah Etonde (7 fois championne féminine de la course de l'espoir qui se déroule sur le parcours que nous allions suivre), le DG de l'entreprise Hysacam et ses collaborateurs, profité de la beauté du paysage et discuté avec d'autres passionnés (en français ou en anglais).
Motivé par cet exploit nous avons décidé de faire le chemin retour le même jour et de dormir à Douala ... Sur le retour nous avons compris pourquoi la course a été baptisé ''course de l'espoir'' ... En effet, il a fallu beaucoup d'espoir et de courage pour descendre parce qu'il fallait surmonter les douleurs du corps et les difficultés du trajet: malgré tout nous avons atteint notre objectif. La question sur la méthode adoptée par les coureurs pour ne fait qu'environ 4h de temps (allé et retour) reste tout un mystère.
Retour à Douala, retour à la réalité et à ses péripéties ... Comme pour beaucoup d'autre chose, il ne nous reste plus que les quelques images prises et nos souvenirs...
Merci !!
jeudi 5 février 2015
Note d’écoute : « LA NATION » de DEBORDO LEEKUNFA.
Note d’écoute :
« LA NATION » de DEBORDO LEEKUNFA.
Mon habitude
de mélomane me conduit à une chanson : « LA NATION » de DEBORDO
LEEKUNFA qui chante en général en Eburnie, et fait danser au rythme du "coupé-décalé". Je veux comprendre le contexte
de l’inspiration de l’artiste ; le contenu de sa chanson. Voilà les deux
parties qui vont structurer mon argument selon lequel : la nation est une
entité à bâtir ensemble. Une question délicate : chante-t-il pour la Côte d'Ivoire? De quelle nation s'agit-il? Il est difficile de le savoir; sans doute que son propos certes contextuel a valeur d'interpellation des hommes et des femmes de son temps. Notre méditation sur le contexte d'éclosion de son propos, nous le situons au pays de l'Ivoire.
Le contexte
proche de composition de la chanson
Parue aux
environs de 2011 (du moins, si l’on juge de son post sur le site de
divertissement https://www.youtube.com/watch?v=_Km4Iq6dAto) la chanson,
« LA NATION » du musicien DEBORDO LEEKUNFA est contemporaine des
troubles politiques d'Eburnie.
Ce pays a connu le coup d’état, la Rébellion des Forces du Nouveau, les événements post-électoraux de
2011 qui virent plusieurs morts pour cause de querelle autour de la personne
qui a gagné les élections présidentielles : « ---- »
ou « ---».
C’est la
preuve que le citoyen DEBORDO LEEKUNFA, qui joue de la musique n’est pas
indemne de ce contexte qui motive son inspiration immédiate. Il est remarquable
que l’acte citoyen se pose non seulement en une critique des politiques
mortifères mais ramène à la conscience du vivre-ensemble dans un même espace
dénommé la nation.
Certes l’étymologie
du mot « nation » dans le contexte eburnien a vu l’éclosion du mot « éburnité »
qui est une excroissance interprétative du fait d’être né de Père et de Mère
éburnien. Le critère de naissance d’originaires de la nation est donc ce
vecteur d’exclusion pour qui veut postuler aux charges présidentielles. C’est
un débat qui est dangereux qu’il faut interroger philosophiquement afin d’éviter
de telles dérives d’appartenances.
Si tel est le
contexte polémique de production de cette musique, comment comprendre l’intention
de l’artiste ? Et quels développements critiques pouvons-nous émettre sur
la base des paroles dudit chant ?
La structure de la
chanson
Le chant se
compose d’une ouverture, d’un corps et d’une sortie. Que nous dit le texte ?
L’ouverture
L’ouverture ou
l’introduction est une parole sur fond musical d’invocation priante ; on y
entend, « bolingo, ya solo » (l’amour vrai traduit du Lingala);
en arrière plan du texte, l’âme du mélomane est transportée par un air
spirituel qui l’accueille par le souffle infusé des instruments. Qu’est ce qui
justifie cet élan spirituel ? Est-ce un appel à l’amour ; un appel à
s’aimer les uns les autres ? L’interprétation sera examinée au fil du
corps du texte. Est-ce une manière d’exorciser les démons de la division qui
hantaient son pays ? Est-ce pour appeler Dieu au secours de l’humanité qui
se déchire ? Est-ce une supplication mélodieuse adressée au Père de tous
les humains ? L’interprétation plausible qui écarte la référence au divin
est toutefois reprise par les harmoniques d’amour qu’inspire cette
introduction. Elle peut être interprétée comme une prière d’introduction sous
forme de supplique, pourrait se lire
comme un appel à Dieu ; cette ouverture
a les airs d’une invocation qui veut apaiser.
Le développement
du texte de la chanson
Je m’appelle « au
pas la nation »
« Désormais
je m’appelle OPA LA NATION, tu le sais ;
ALORS, mon
devoir c’est de mettre la NATION, OPA »
Cette séquence
phraséologique est la marque d’une
personne qui se lève et se soulève contre sa propre inertie. L’adverbe « désormais »
qui précède la position de soi comme « JE » est à la fois une rupture
et un nouvel élan. C’est un réveil brutal comme après une nuit cauchemardesque ;
l’artiste invite à s’interroger ; avant qui était-il ? Quel était son
statut au sein de la société d’Eburnie ? La nomination de « soi »
est posée à la première personne du
singulier : « JE ». La précédence de la nomination de soi qui
est suivie par la nouvelle détermination est une rupture entre le désordre et l’ordre.
Je me nomme « au pas la nation » signifie la décision de se poser
comme un maître qui redresse ce qui est courbé.
Remettre les choses dans leur vrai ordre ; et dans leur vraie
finalité. La notion de « nation » qui est usitée est celle d’un
ensemble géographique qui comprend des personnes nées au sein du même
territoire. L’artiste est en cela fidèle aux définitions de ce qu’est la nation
disponible en philosophie politique ou en sciences politiques. Nous y sommes nés, et nous vivons. En cela,
il rejoint la définition du dictionnaire le Petit
Robert, qui fait de la Nation « un groupe humain constituant une
communauté politique, établie sur un territoire et personnifié par une autorité
souveraine ». Certes, comme mentionné dans le contexte d’éclosion de son
chant, il sied de s’interroger si réellement la Côte d’Ivoire représente une « communauté
politique », un ensemble de citoyens réunis au sein du même territoire. Nous ne reviendrons pas sur le questionnement
que la notion de nation connut dans les développements des sciences politiques
et de la philosophie politique occidentale.
Nous nous concentrons plutôt sur l’usage qu’est fait par l’artiste dans
cette musique qui interpelle.
Comment va-t-il
redresser la nation ? S’il se dénomme désormais « AU PAS LA NATION »,
il casse l’inertie par une prise de parole responsable. Il est un sujet d’imputation
morale qui assume ses propres paroles ; ses capacités pensantes s’orientent
dès lors, vers une contestation qui a pour mot phrase et mot motivant : « je
dis non » qui reviendra tout au long de la chanson. Ce pouvoir de dire « non »
que l’artiste pose est situable dans la tradition de philosophie critique qui
est une véritable contestation par la force de la critique.
La réflexion
critique est l’une des possibilités de l’être humain. C’est réaliser sa vocation
humaine que d’habiter le questionnement qui pèse et évalue les situations
humaines. Critiquer c’est donc émettre un jugement ; c’est venir à la
racine des choses et les évaluer sérieusement. Réfléchir, selon le mot de
Hannah Arendt, « cela veut toujours [dire] penser
de manière critique ; et réfléchir de manière critique, cela signifie que
chaque pensée sape en fait ce qu’il y a
de règle rigide et de conviction générale ; » en cela, l’artiste
rejoint la sphère critique de la vie sociopolitique. Il pense. Il conteste. Il examine
de manière critique son propre contexte, sa propre nation. C’est pourquoi sa prise de position est un
énoncé qui secoue les dérives des politiciens.
Je dis non aux
politiques de division
Le propos
critique de l’artiste s’adresse aux dirigeants politiques. Il ouvre son propos
par une supplication qui marque aussi un dépit « é, Dieu », est ce
qui entendu en Eburnie quand une personne est dépassée par un événement et qu’elle
souhaite en retour la voir s’améliorer. L’exclamation « é Dieu » est
donc une prière, un appel à faire autrement les choses. C’est prendre le
créateur à témoin devant les égarements des faux leaders. L’artiste est respectueux
de ses dirigeants ; c’est pourquoi il énonce des propos incisifs à leur
endroit. Soucieux de toucher le cœur des
dirigeants, il emploie le mot affectif de « papas » ; les
dirigeants politiques pour DEBORDO LEEKUNFA sont la figure du papa qui est
rappelé à son devoir de protection, de sécurité et d’aide à faire grandir la maisonnée.
L’on comprend mieux pourquoi, il emploie dans la suite du chant, la métaphore
de la Nation comme une famille. Les liens de la nation s’inspirent de la
famille dans la mesure où ils se reçoivent du même héritage à la fois
biologique et spirituel, culturel et humain. La famille connait ses tensions,
ses déchirures mais il importe de se mettre au dessus et de recoudre le tissu
fraternel distendu par une incompréhension. « La famille, rien que la
famille ». Par l’appel au sentiment familial, l’artiste est peut être dans
le registre affectif ; mais il lui revient néanmoins d’interpeller la
famille par des questions adressées aux responsables.
Que demande-t-il
aux dirigeants ? Sa volonté de mettre la nation au pas est une
interpellation à éviter les politiques de violence. Quels sont ces dirigeants
qui sont si radicaux qu’ils décident de s’entretuer et de tuer les innocents ?
Cette interpellation est grosse des morts inutiles que l’ambition politique a
causée. Une telle pratique est la partie la plus abjecte de la politique qui se
confond dès lors à la transgression des interdits de voler et de tuer. L’artiste
a contrario invite les dirigeants à se distinguer par le respect de l’injonction
éthique : « tu ne tueras point ». Le visage d’autrui (E. LEVIANS) qui se
présente devant le bourreau est une supplication ; un renvoi à l’humanité
en lui et chez lui. C’est le retour à la question de Dieu à Caïn : « Qu’as-tu
fait de ton frère ? » ; « suis-je le gardien de mon frère ? »
Oui, tu es le gardien de ton frère qui te regarde et te dit qu’il veut vivre.
L’artiste, en
plus de cet appel à la morale de la responsabilité politique, nous oriente
également à observer le domaine des pulsions mortifères et mortelles. Il est
possible d’interpréter son mot « Arrêtons tout ça » dans le sens d’un
questionnement des pratiques thanatocratiques.
C’est l’insistance à questionner tout ce qui dans la société tue et anéantit l’autre,
soit par rapport à ses opinions politiques ou religieuses. Quels sont ces
citoyens qui veulent se détruire et coïncider avec les forces de violence qu’ils
portent en eux ou en elles ? Par ce retour à ce qui anéantit, il est
possible de revenir au mythe égyptien d’Isis et d’Osiris qu’affronte le couple Seth
et Nephtys. Le monde est ainsi divisé entre des forces de vie et des forces de
mort qui s’opposent dans le cœur humain et dans la réalité. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin ;
il propose de quitter le « ça » dans l’inteprétation freudienne de pulsion
mortelle dans l’une de ses dimensions.
Pour des politiques
du dialogue
Comment dépasser
les politiques de division ; ne faut-il pas s’asseoir et discuter ?
Tel est le pas constructif de la chanson. « Pardonnez, asseyez-vous
discutez ». DEBORDO LEEKUNFA insiste sur des dimensions de la politique
comme espace dialogual entre des partenaires sociaux. Il appelle les dirigeants
à avoir la culture du dialogue constructif. Les normes de cette construction
passent par l’inscription à se regarder, à cause et à discuter autour de l’arbre
à palabres. Convoquer ainsi toutes les franges de la population au dialogue
constructif requiert que chacun abandonne sa position et accepte la vertu du
pardon.
Que signifier
dialoguer ?
Pour aller
plus loin, mettons DEBORDO LEEKUNFA en transversale avec les pensées de Fabien
Eboussi Boulaga et Eric Weil. Il est possible de comprendre son propos « asseyez-vous
discuter » dans le sens de la palabre et de la discussion.
La
palabre est convoquée pour résoudre des différends ; les membres du clan
sont invités pour prendre part aux assises et à chacun est donnée la parole.
Les protagonistes du conflit montrent déjà qu’ils veulent résoudre le conflit.
La participation des uns et des autres est collégiale et marque la ratification
de tous aux conclusions des assises. La place du chef bien que prépondérante
n’implique pas qu’il faille infléchir sur les décisions à prendre ; ce
sont les anciens qui président ; ils délibèrent ; en fonction de leur
âge, il leur est interdit des positions partisanes. La confrontation entre les deux parties est
totale, elle donne à connaître les sources du conflit, c’est à l’assistance de montrer les torts, en
recourant au contre interrogatoire ; le jeu de la réciprocité dans les échanges
sera-t-il respecté ? Peut-on
employer l’éthique de l’harmonie de la palabre dans les institutions politiques
et démocratiques ? Par contre, pour Éric Weil, la discussion est le socle
de l’État constitutionnel car il s’agit désormais d’un échange humain ou
la parole est échangée par une éthique de la discussion. Il suffit de fixer des
règles de procédures en vue du bien commun. Le bien en lui-même devient sujet
de la discussion qui peut s’appliquer au droit et à l’interprétation de la
tradition. La communauté devient ainsi structurée par le langage. Elle peut
chercher la vérité dans la discussion aristotélicienne. En fait, dans la
discussion, l’homme peut opter pour la vertu. La discussion peut également se
démocratiser dans les institutions.
La conclusion
L’artiste sait bien
que ses propos vont choquer son auditoire ; et, pour finir, il salue
révérencieusement son auditoire par un galimatias que lui seul comprend. La
chanson s’achève donc par le fait de s’excuser les sensibilités et les
mauvaises habitudes. Son mérite c’est d’avoir pensé de manière critique. La pensée
critique qui secoue les chemins connus de médiocrité implique de s’installer
dans l’inconfort de la pensée questionnante.
Tout compte
fait, le texte est un mélange de
langues africaines et d’onomatopées qui appartiennent à l’animation musicale
des DJ. L’un des paroles intéressantes est celle celle où il dit « a lobi
kitoko » (il a bien parlé). Concluons par les mots de l’artiste qui nous a
conduits à travers une méditation sur le sens de la « nation ». « Les politiques divisent ma nation, je
dis non ; les politiques veulent détruire mon pays, je dis non ; faut
pas la nation que je suis, je dis non »
« Pardonnez, asseyez-vous discutez »
« La famille, rien que la famille »
Merci l’artiste !
mais prochainement, fais moins d’ATALAKOU des sportifs ; je te taquine
car, ce sont sans doute tes sponsors majeurs. Mais peut être "y'a même pas l'homme", comme tu le dis. Clin d’œil.
Akono
François-Xavier.
mercredi 21 janvier 2015
La personne humaine aime-t-elle la raison et la vie ?
La personne humaine aime-t-elle
la raison et la vie ?
Je me demande s’il ne nous faut
pas questionner quelques notions léguées par la tradition scolaire et
académique.
je questionne tout d'abord Aristote pour qui l’homme est un animal
politique doué du langage raisonnable ;
la seconde notion interrogée, je la prends
sur la base de compréhension d’un aspect mis en évidence par quelques
penseurs, philosophes et théologiens d’Afrique et africanistes (Tempels, Mveng, Mulago, Mbiti); à savoir, la vie comme
socle de compréhension de l’existence quotidienne de nos terroirs. Je questionne
ces notions sur la réalité des faits du terrorisme et de l’observation des
morts inutiles liées à la mauvaise politique d’accaparement du pouvoir. Si la raison est la faculté de
penser, de méditer et de comprendre le monde afin de devoir s’orienter, il sied
de s’interroger. L’homme est-il doué de raison ? Les langages de la force
ne sont-ils pas à l’opposé de la vie humaine ? La déviation volontaire de
la question du « est-elle » au « aime-t-elle » vise un
renversement ; on a trop pensé l’être et on a oublié « l’amour » ;
or, poser son existence en termes qui questionne si j’aime me permet d’orienter
l’existence par les tonalités affectives de ce qui anoblit le soi et l’autre.
Ce
cadre posé, deux questions m’orientent : la personne humaine aime-t-la
raison ? La personne humaine aime-t-elle la vie ?
Aimer la raison ou la déraison ?
Je prends l’une des figures
polémiques de l’humanité, à savoir le terroriste. Est-il doué de raison ? Il n’a peut être pas lu Aristote ; mais
du fait qu’il ait la même apparence que le « bipède raisonnable »,
que physiologiquement il ait un cerveau reconnu comme l’organe de la réflexion,
il faut s’interroger. S’il a un cerveau, à quoi emploie-t-il son cerveau ?
A concevoir des plans d’attaque ? A vouloir, conduire les autres de force
à sa « foi » ? A faire du monde des humains des croyants par la
force brute ? A détruire les édifices de « foi » des autres ?
Est-ce à cela que sert la raison ? La raison sert-elle à fabriquer des
armes à feu qui détruiront la vie de l’autre ? La raison sert-elle à
employer la violence gratuite pour défendre une cause qui est de soi seul connu ?
Est-elle l’organe qui médite sur la domination du monde par la construction d’outils
mortifères à la grande joie de l’industrie des armes qui avance et
augmente son compte bancaire ? Puisque, pour que les humains satisfassent
leur instinct destructif, il faut bien acheter les armes et les employer. Il est
difficile de conclure que la personne humaine soit douée de raison ; est-il fou ou
folle ?
Si l’intelligence est mise dans l’orientation du mépris de soi et
des autres, peut-on affirmer que cette intelligence soit au service de la
raison ? Si la raison demeure une faculté, elle doit s’exercer ; elle
devrait réaliser ses possibilités ; la réalisation des possibilités
revient à ramer à contre courant de l’animalité qui est destruction, instinct
belliqueux et habitation de la noble place qui construit et milite en faveur de
l’effectuation des capacités à construire des espaces de et pour la vie. Au
regard des paragraphes qui précèdent, il est ardu de conclure que le terroriste
aime la raison ; et qu’il chérit plutôt la déraison.
Aimer la vie ou la mort ?
Pour questionner si réellement l’africain
et l’humain tout court aime la vie, je m’appuie sur l’article 4 de la
Déclaration africaine des Droits de l’homme et des peuples qui stipule : « La
personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie
et à l'intégrité physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé
arbitrairement de ce droit. » (Charte
Africaine des Droits de l’Homme et des peuples) L’actualité nous prouve
pourtant le contraire. Si tel est le cas, je m’interroge donc de manière
suivante : « est ce que les premiers penseurs africanistes et d’Afrique
(Tempels, Mulago, Kagame, Mveng, Hebga, Hountondji, Eboussi Boulaga, etc) se sont trompés en inscrivant la vie (dans ses multiples contours vie avec les
autres, vie pour les autres, hospitalité, solidarité) comme base de
compréhension de la vision du monde des africains ?
Ce que j’observe, c’est une
certaine mutation ; je vois des
morts semés et répandus à la fois par le terrorisme et la police qui tue les
manifestants contre la mauvaise politique. Si tel est le constat empirique, il
convient donc d’affirmer que ce n’est plus « la force vitale »
(Tempels relisant les Luba) ; mais la force brutale qui est exercée. Ces deux catégories, le terroriste le
pourri-tique, brutalisent la vie des
citoyens ; ils ne la respectent guère. Respecter la vie de chacun revient
à le laisser « vivre sa vie » ; c'est-à-dire à exercer ses
capacités de résolution des problèmes liés à son environnement ; il ou
elle veut bien vivre. S’il manifeste son mécontentement, par la voie de la
casse, n’est ce pas qu’il est excédé ? Qu’il ou elle se rend compte que sa
vie est méprisée ? Il n’a pas de quoi se vêtir, de quoi payer ses études,
de quoi travailler après ses études universitaires ; quelle est la qualité
de sa vie ?
Si la personne humaine commence à
aimer la raison ; si la personne humaine commence à aimer la vie, je pense
que l’humanité fera un grand bond. A revers, la personne humaine qui déchoit de
son humanité (Eboussi Boulaga) devient banale ; sa vie risque ne pas avoir
de l’épaisseur ; cette personne aura traversé l’existence en fantôme. « Les
gens (pourri-ticiens ; terroristes) là nous prennent pour de vrais paplés !
(fous) » « ils nous prennent pour des mbout (gaous) » ; or, la force du gaou réside dans l’esprit critique.
Akono François-Xavier.
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