La personne humaine aime-t-elle
la raison et la vie ?
Je me demande s’il ne nous faut
pas questionner quelques notions léguées par la tradition scolaire et
académique.
je questionne tout d'abord Aristote pour qui l’homme est un animal
politique doué du langage raisonnable ;
la seconde notion interrogée, je la prends
sur la base de compréhension d’un aspect mis en évidence par quelques
penseurs, philosophes et théologiens d’Afrique et africanistes (Tempels, Mveng, Mulago, Mbiti); à savoir, la vie comme
socle de compréhension de l’existence quotidienne de nos terroirs. Je questionne
ces notions sur la réalité des faits du terrorisme et de l’observation des
morts inutiles liées à la mauvaise politique d’accaparement du pouvoir. Si la raison est la faculté de
penser, de méditer et de comprendre le monde afin de devoir s’orienter, il sied
de s’interroger. L’homme est-il doué de raison ? Les langages de la force
ne sont-ils pas à l’opposé de la vie humaine ? La déviation volontaire de
la question du « est-elle » au « aime-t-elle » vise un
renversement ; on a trop pensé l’être et on a oublié « l’amour » ;
or, poser son existence en termes qui questionne si j’aime me permet d’orienter
l’existence par les tonalités affectives de ce qui anoblit le soi et l’autre.
Ce
cadre posé, deux questions m’orientent : la personne humaine aime-t-la
raison ? La personne humaine aime-t-elle la vie ?
Aimer la raison ou la déraison ?
Je prends l’une des figures
polémiques de l’humanité, à savoir le terroriste. Est-il doué de raison ? Il n’a peut être pas lu Aristote ; mais
du fait qu’il ait la même apparence que le « bipède raisonnable »,
que physiologiquement il ait un cerveau reconnu comme l’organe de la réflexion,
il faut s’interroger. S’il a un cerveau, à quoi emploie-t-il son cerveau ?
A concevoir des plans d’attaque ? A vouloir, conduire les autres de force
à sa « foi » ? A faire du monde des humains des croyants par la
force brute ? A détruire les édifices de « foi » des autres ?
Est-ce à cela que sert la raison ? La raison sert-elle à fabriquer des
armes à feu qui détruiront la vie de l’autre ? La raison sert-elle à
employer la violence gratuite pour défendre une cause qui est de soi seul connu ?
Est-elle l’organe qui médite sur la domination du monde par la construction d’outils
mortifères à la grande joie de l’industrie des armes qui avance et
augmente son compte bancaire ? Puisque, pour que les humains satisfassent
leur instinct destructif, il faut bien acheter les armes et les employer. Il est
difficile de conclure que la personne humaine soit douée de raison ; est-il fou ou
folle ?
Si l’intelligence est mise dans l’orientation du mépris de soi et
des autres, peut-on affirmer que cette intelligence soit au service de la
raison ? Si la raison demeure une faculté, elle doit s’exercer ; elle
devrait réaliser ses possibilités ; la réalisation des possibilités
revient à ramer à contre courant de l’animalité qui est destruction, instinct
belliqueux et habitation de la noble place qui construit et milite en faveur de
l’effectuation des capacités à construire des espaces de et pour la vie. Au
regard des paragraphes qui précèdent, il est ardu de conclure que le terroriste
aime la raison ; et qu’il chérit plutôt la déraison.
Aimer la vie ou la mort ?
Pour questionner si réellement l’africain
et l’humain tout court aime la vie, je m’appuie sur l’article 4 de la
Déclaration africaine des Droits de l’homme et des peuples qui stipule : « La
personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie
et à l'intégrité physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé
arbitrairement de ce droit. » (Charte
Africaine des Droits de l’Homme et des peuples) L’actualité nous prouve
pourtant le contraire. Si tel est le cas, je m’interroge donc de manière
suivante : « est ce que les premiers penseurs africanistes et d’Afrique
(Tempels, Mulago, Kagame, Mveng, Hebga, Hountondji, Eboussi Boulaga, etc) se sont trompés en inscrivant la vie (dans ses multiples contours vie avec les
autres, vie pour les autres, hospitalité, solidarité) comme base de
compréhension de la vision du monde des africains ?
Ce que j’observe, c’est une
certaine mutation ; je vois des
morts semés et répandus à la fois par le terrorisme et la police qui tue les
manifestants contre la mauvaise politique. Si tel est le constat empirique, il
convient donc d’affirmer que ce n’est plus « la force vitale »
(Tempels relisant les Luba) ; mais la force brutale qui est exercée. Ces deux catégories, le terroriste le
pourri-tique, brutalisent la vie des
citoyens ; ils ne la respectent guère. Respecter la vie de chacun revient
à le laisser « vivre sa vie » ; c'est-à-dire à exercer ses
capacités de résolution des problèmes liés à son environnement ; il ou
elle veut bien vivre. S’il manifeste son mécontentement, par la voie de la
casse, n’est ce pas qu’il est excédé ? Qu’il ou elle se rend compte que sa
vie est méprisée ? Il n’a pas de quoi se vêtir, de quoi payer ses études,
de quoi travailler après ses études universitaires ; quelle est la qualité
de sa vie ?
Si la personne humaine commence à
aimer la raison ; si la personne humaine commence à aimer la vie, je pense
que l’humanité fera un grand bond. A revers, la personne humaine qui déchoit de
son humanité (Eboussi Boulaga) devient banale ; sa vie risque ne pas avoir
de l’épaisseur ; cette personne aura traversé l’existence en fantôme. « Les
gens (pourri-ticiens ; terroristes) là nous prennent pour de vrais paplés !
(fous) » « ils nous prennent pour des mbout (gaous) » ; or, la force du gaou réside dans l’esprit critique.
Akono François-Xavier.
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